Reconnu pour ses photographies

Le smartphone d’Émeric Michel bipe. L’alarme du robot de traite lui indique qu’une vanne est bloquée. Doué pour la technologie, le jeune agriculteur de 28 ans a débuté un cursus de génie mécanique avant son BTSA ACSE (1). Il fait partie du Gaec familial avec son père Eric, son oncle Denis et Jérémy, son cousin. « L’agriculture est tellement moderne, je préfère appliquer mes connaissances à la ferme plutôt que travailler dans un bureau ! », reconnaît Émeric. À Selonnet (Alpes-de-Haute-Provence), 1 000 m d’altitude, le lait des 70 montbéliardes de La Ferme du Buissonnet est transformé en yaourts et fromages frais. L’excédent est vendu à la coopérative laitière de l’Ubaye.

Sa nature introvertie freinait son élan vers les autres, jusqu’à ce qu’il achète un appareil photo d’occasion. L’idée est alors de promouvoir la ferme sur les réseaux sociaux. Ses premières photos le déçoivent. Des tutoriels l’aident à comprendre la vitesse d’obturation, le diaphragme de l’objectif, etc. et le font progresser. Il saisit l’ambiance près de chez lui quand passe le rallye automobile « Soup’Alpes ». Ce novice a le sens de l’image. Osant montrer ses photos aux organisateurs et aux pilotes, peu à peu il se fait apprécier : « J’ai trouvé ailleurs la considération qui manque à mon métier d’agriculteur. Et je côtoie des pilotes internationaux. »

Photos et vidéos

Avec ses nouvelles relations, Émeric s’épanouit et découvre les cols et les paysages des Alpes françaises et italiennes. En 2020, un ami mécanicien lui conseille l’achat d’une Subaru bleu vif. Le jeune homme a plaisir à la conduire, et prend ses clichés en anticipant l’arrivée des voitures dans les virages. Introduit dans le milieu du Drift, il adore photographier les bolides qui dérapent dans un nuage de fumée. Lors d’une compétition à Pipay (Isère), un vidéaste pro l’initie aux plans en mouvement. Pendant cinq ans, il mène de front l’agriculture, les prises de vues et la postproduction de ses images tard dans la nuit. Mais une surcharge de travail à la ferme l’oblige à ranger ses boîtiers en janvier dernier : « Je compte bien retrouver ma passion dans quelques années. »