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Le jour où j’ai failli être amputé

Frédéric Baudet, éleveur de porcs à Lamballe (Côtes-d’Armor), 44 ans, s'est blessé dans les décombres d'un de ses bâtiments qui avaient été ravagé par un incendie. Il raconte comment il est passé à deux doigts d'une amputation du pied.

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« Le 17 juin 2016, le matin, nous étions au travail avec mon salarié sur le site de naissage des porcs. À 8h15, un voisin me téléphone, affolé, pour me dire que mon bâtiment d’engraissement, situé à quelques kilomètres de là, était en feu. Nous sommes arrivés sur place en même temps que les pompiers qui ont tout de suite disjoncté le compteur et sécurisé le site pour protéger les maisons attenantes. De mon côté, je ne pouvais que regarder le bâtiment brûler. J’appelle mon assureur qui me confirme que mon dossier est en ordre. L’expert va passer le jour même.

Vers 11 heures, l’incendie est maîtrisé, mais seuls 200 animaux ont échappé aux flammes sur les 1 400. Je guide les pompiers dans les décombres. Malencontreusement, je marche sur une planche et un clou transperce mon pied droit. Dans la précipitation, j’avais gardé mes baskets. Mon premier réflexe est d’appuyer avec l’autre pied sur la planche pour libérer mon pied. La douleur est intense. L’ambulancier des pompiers est prévenu. Il assure les premiers soins et veut m’emmener aux urgences. Pour moi, c’est impensable. Je reste sur place !

Depuis, je suis plus attentif aux mesures de protection

En début d’après-midi, en attendant l’expert, je propose aux personnes encore présentes sur le sinistre (mon père, mon salarié et le technicien de la coopérative) d’aller déjeuner. Une fois assis, rien ne va plus, je me sens défaillir. Arrivé aux urgences, mon pied est tout rouge, il a triplé de volume. Le chirurgien me parle d’amputation. Il craint une septicémie. Je suis abasourdi. Que d’évènements en une seule journée. Les soignants tentent différents antibiotiques. Heureusement, au deuxième, mon corps réagit. Deux heures plus tard, c’eût été l’amputation. Durant tout ce temps, sur mon lit d’hôpital, dix mille questions trottent dans ma tête sur moi, mon métier, mon avenir…

Après trois jours d’hospitalisation, je suis rentré et ai été arrêté pendant trois mois. Dans ces épreuves, le soutien de ma famille, de mes amis et de la coopérative a été précieux. Depuis lors, je vois les choses différemment. Je relativise les soucis du quotidien. Je suis plus attentif aux mesures de protection (chaussures de protection, vêtements adaptés, consignes de sécurité…). J’ai appris qu’il ne fallait jamais retirer un clou comme je l’ai fait mais toujours dans le sens où il est rentré.

Sur les conseils de l’assureur, j’ai reconstruit ma porcherie avec des portes coupe-feu, en trois blocs séparés. L’incendie dû à un problème électrique sur un ventilateur a été bien pris en charge. La douche froide est venue des impôts avec la taxation des indemnités d’assurance. J’ai la chance de n’avoir aucune séquelle de cet accident. Mais j’ai conscience d’avoir eu très chaud. Grâce à mon nouveau projet, j’ai pu rebondir rapidement. »

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