Adieu la ferme, bonjour les planches !
Fille d’agriculteurs, Coline Bardin est devenue comédienne professionnelle. Dans son spectacle, « la mâtrue », elle rend hommage à ce milieu agricole qui l’a vue grandir.
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Lorsque sa mère lui annonce la mise en vente de l’exploitation familiale de Beauvoir-de-Marc (Isère), c’est un choc pour Coline Bardin. « Je réalise vraiment que ni mon frère et ma sœur aînés, ni moi-même, « la mâtrue » — comme on dit dans le patois dauphinois pour désigner la petite dernière — étions disposés à reprendre. La fin de la ferme avait toujours été de l’ordre de l’imaginaire, d’un possible… C’est alors devenu une réalité », retrace la jeune femme de 35 ans. La cession a lieu en 2021 à une agricultrice qui élève un troupeau de race angus.
Pour Coline, l’appel des planches l’avait déjà emporté sur celui des vaches depuis plusieurs années déjà. Cet adieu à la ferme a surtout été difficile car elle l’a vécu comme un adieu à l’enfance. « C’est là où j’ai grandi, où j’ai tous mes souvenirs. Mon corps porte encore les traces de cette vie passée dehors, constate-t-elle. C’était un lieu de liberté extraordinaire. Je me souviens surtout de la période des foins, avant l’achat du roundballer, où nous devions charger les balles carrées à bout de bras. C’était dur, mais aussi de formidables moments de fête et de partage. »
Croire en soi
La passion de Coline pour le théâtre n’avait donc rien de prédestiné. « Je ne savais rien de ce monde-là. Je n’avais même pas idée que c’était possible de devenir comédienne. Ma mère est une grande lectrice qui aurait voulu être institutrice. Elle nous a transmis son goût pour la littérature. C’était aussi la première femme de la région à conduire un tracteur, ajoute-t-elle fièrement. Mes parents avaient choisi d’être agriculteurs et pour eux il était normal que leurs enfants choisissent également leur métier. Ma grande sœur et mon grand frère m’ont également aidée à croire en moi. »
Coline découvre sa vocation pour la scène, lors des ateliers de théâtre du mercredi, au lycée de l’Oiselet à Bourgoin-Jallieu où elle était interne. « J’ai un parcours original puisque j’ai d’abord suivi une voie théorique universitaire jusqu’à intégrer la Haute école des arts de la scène de Lausanne à 27 ans », constate-t-elle. Aujourd’hui, la comédienne arrive à vivre de son métier, « tout aussi aléatoire et ingrat que celui d’agriculteur ». Elle pense notamment à tous ces coups de bourre jusqu’à ne pas voir le jour et ce parfois pour rien. L’artiste sait qu’elle peut affronter tout ça : « J’ai acquis dans l’enfance une forme de flegme qui m’accompagne toujours quand je dois passer des caps difficiles. »
Suivre Coline : https://www.comedien.ch/comediens/coline-bardin/, Facebook : Coline Bardin, Insta : coline.bardin.
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