Le Jour où : « J’ai fait la une de Paris Match »
Coralie Dechaumont, 30 ans, céréalière à Fleury dans l’Oise, a fait la une de Paris Match en janvier 2024 pour évoquer les manifestations et la colère du monde agricole. Elle a été photographiée alors qu’elle se trouvait sur le blocage de l’autoroute A15 dans le Val-d’Oise.
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« C’était le mardi 30 janvier, à 9 heures du matin. Cela faisait un jour et une nuit que je me trouvais sur le blocage initié par la FDSEA et les JA sur l’A15 près d’Argenteuil, dans le Val-d’Oise. L’ambiance était conviviale et tout était très bien organisé. J’avais veillé une partie de la nuit et je dormais encore dans la caravane quand quelqu’un a toqué à la porte pour me dire que j’avais un shooting photo avec Paris Match dans cinq minutes. Nous étions moins nombreux sur le barrage à ce moment-là et les journalistes voulaient absolument rencontrer une femme. Une amie était déjà en interview. Alors, c’est moi qui aie été choisie. La séance photo a duré une dizaine de minutes, devant un tracteur sélectionné par rapport au slogan qu’il affichait : « Paris, on arrive ».
Au départ, je n’étais pas censée être en couverture du journal. Le photographe m’avait seulement dit qu’il y aurait peut-être ma photo dans l’article. Un peu plus tard dans la journée, il m’a annoncé : « Tu fais la Une ». Je ne l’ai réalisé que le vendredi 2 février, une fois que mes amis m’ont remis le magazine, alors que je manifestais depuis cinq jours et cinq nuits. Sur la photo, j’ai les traits tirés par la fatigue, mais mon attitude déterminée est en adéquation avec le but de cette manifestation : Nous ne céderons pas. »
Je suis fière d’avoir représenté la colère du monde agricole
« Mes propos ont été retranscrits fidèlement. Je suis fière d’avoir représenté, au-delà de la manifestation, la colère du monde agricole. Mon entourage aussi a été ravi, notamment mon grand-père dont j’ai repris l’exploitation. J’ai parlé de lui dans l’article et cela lui a fait plaisir, même s’il n’aime pas se mettre en avant ! Mes collègues de l’Oise et du Val-d’Oise étaient également contents de me voir dans un magazine si éloigné de notre domaine. C’est une expérience particulière, très sympathique, dans un contexte sérieux. Venir sur ces manifestations était important pour moi car je vois les normes augmenter sans arrêt, nous sommes de plus en plus contrôlés, surveillés, toujours en train de devoir se justifier. Et nous subissons aussi une concurrence déloyale pour l’utilisation de produits phyto du fait de la surtransposition de la réglementation européenne. Je pense que les annonces gouvernementales vont dans le bon sens. Mais la majorité ne va pas être mise en place, notamment celle concernant le plan Ecophyto. Les blocages sont levés mais la bataille n’est pas terminée. »
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