La virtuose des légumes
Entre travail de la terre et création artistique, Emy David, maraîchère à Latrecey (Haute-Marne), a un emploi du temps bien rempli. Mais elle parvient à accorder ces deux partitions.
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« Mon travail de paysanne nourrit celui de plasticienne », avance Emy David. La jeune femme de 37 ans partage sa vie entre la culture de légumes et la création artistique. Adolescente, Emy s’oriente vers un cursus en arts appliqués. « Je ne savais pas ce que je voulais faire. Comme je dessinais et peignais déjà, j’ai choisi cette filière », se remémore-t-elle.
Son bac en poche, elle intègre une classe préparatoire aux écoles supérieures d’art à Beaune. Elle décroche l’Esaaa, École supérieure d’art Annecy Alpes, dont elle sort en 2011. Fraîchement diplômée, elle rejoint son compagnon Yohann Funcken, éleveur laitier bio (frère d’une amie de prépa) sur sa ferme.
Plusieurs cordes à son arc
L’artiste monte son atelier où elle multiplie les techniques d’expression : peinture, dessin, sculpture, photo, écriture, vidéo, etc. Elle organise des ateliers, intervient dans les écoles,… Au bout de huit ans, Emy comprend qu’elle ne peut vivre de son art en milieu rural et n’a plus envie d’aller exposer à Paris ou Beaune. « Me lancer dans le maraîchage en circuit court était au croisement de mes aspirations », explique-t-elle.
Plutôt solitaire et imaginative, elle veut être à son compte. Elle n’envisage pas de travailler avec son compagnon. « Je ne voulais pas me ranger dans son métier, même si je le soutiens à 200 % », poursuit-elle. Depuis 2019, Emy produit une soixantaine de légumes, en bio, sur 5 000 m² qu’elle vend en direct de mai à Noël. Elle fournit aussi la cantine de Simone, un lieu de création artistique situé à Châteauvillain.
Lier agriculture et culture
Attentive au design, l’agricultrice façonne différents îlots avec des légumes, des arbustes et des arbres. Elle aime ce métier qui lui laisse une liberté de penser et de créer. « Je compose mon jardin comme une toile. Je cultive d’innombrables variétés de choux, navets, radis, courges, … pour que mes étals offrent une belle palette de couleurs », ajoute la plasticienne.
Mais, la maraîchère, à plein temps de mars à décembre, garde les pieds sur terre : « C’est un métier physique, très chronophage, où il faut sans cesse anticiper et affronter les difficultés. Yohann me soutient. Le rapport à l’humain me porte également. Je nourris les gens mais eux aussi me nourrissent. »
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