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« On m’a pris pour un trafiquant de cannabis »

Portrait illustré de Guillaume Guieu, producteur de chanvre dans le Vaucluse

Guillaume Guieu, 34 ans, producteur de chanvre dans le Vaucluse, évoque le jour où il a été pris pour un trafiquant de cannabis.

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« Cela faisait déjà plusieurs années que je cultivais du chanvre, mais c’était la première fois dans cette parcelle, raconte Guillaume Guieu. On avait planté très tôt, donc les plants étaient très grands : ils dépassaient la haie qui était à 3,5 mètres de hauteur. Un matin, j’arrive dans le champ pour couper l’irrigation, et je tombe nez à nez avec des militaires, armés, qui pensaient à du trafic du cannabis. Arme au poing, à 40 m, ils m’ont demandé de lever les mains. Ce que j’ai fait, avant de les rabaisser. Peut-être un peu vite, car ils ont appuyé leur mise en joue. Là, mon cœur a décroché. Ils m’ont neutralisé, menotté. J’ai mis du temps à reprendre mes esprits.

Heureusement, étant impliqué localement, j’ai participé aux élections municipales, ce qui m’a permis de rencontrer les élus locaux et les forces de l’ordre. Le chef en charge de l’opération m’a reconnu, et j’ai expliqué que c’était du chanvre. Visuellement, c’est très difficile de faire la différence avec du cannabis. Très vite l’ambiance s’est détendue. J’ai montré sur mon téléphone mon Kbis afférent à la production de cette fibre. »

« J’aurais perdu autour de 20 000 € »

« Dans les faits, ils enquêtaient depuis plusieurs semaines, précise Guillaume Guieu. Ils avaient vu que le propriétaire de la parcelle n’était pas agriculteur, mais ne savaient pas que j’avais un bail agricole. Ils ne l’avaient pas contacté craignant que ce ne soit du cannabis et qu’il prévienne les trafiquants. Ils ont fait une douzaine de jours de planque avant d’obtenir le feu vert du procureur pour l’opération. J’ai eu de la chance : ils m’ont expliqué qu’ils avaient prévu de détruire ma production l’après-midi. C’était du chanvre à CBD, j’aurais perdu autour de 20 000 €, soit la totalité de mon travail annuel.

J’ai pu leur expliquer le détail de la législation que je connaissais bien car nous étions en train de monter l’AFPC, l’Association française des producteurs de cannabinoïdes. Nous conseillons d’ailleurs à ceux qui se lancent dans cette production de nous rejoindre, et de se déclarer aux autorités en amont. C’est d’ailleurs mon regret, car cela aurait évité de gaspiller de l’argent public. Cette expérience a été un peu traumatisante, mais ils étaient vraiment de bonne foi et bienveillants. Et cette mésaventure nous a permis d’agir rapidement sur d’autres histoires autour de la culture du chanvre. »

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