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Portrait L’art en campagne

Lénaïc Blard-Madillac, agricultrice et artiste-peintre, veut amener la peinture partout où on ne l'attend pas.

Dans le Lot-et-Garonne, l’agricultrice et artiste-peintre, Lénaïc Blard-Madillac, sème l’art où il se fait rare, et suscite des dialogues inattendus.

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« Pourquoi tu fais ça ? À quoi ça sert ? ». En choisissant de peindre d’une main et de cultiver la terre de l’autre, Lénaïc Blard-Madillac savait qu’elle enfreignait quelques règles. Et les questions sur l’utilité de l’art ont fusé depuis les maisons alentour, à sa première toile.

L’agricultrice de 42 ans détonne à Sainte-Gemme-Martaillac, dans le Lot-et-Garonne. D’autant qu’elle n’a pas choisi de peindre des paysages ou des animaux, mais des lignes et des mains en suspens, sur des éclats de couleurs et de mots. Elle mélange aussi les matières, donne à voir les colères, des poings levés, des bouches cousues et un « mendiant du bonheur », son tableau qui lui a valu ses premières expositions. Elle conduit aussi le tracteur.

Passer les coups durs

Lénaïc et son mari Sébastien gavent des canards, cultivent une centaine d’hectares et produisent du miel. Comme les autres, ils ont dû faire face à l’influenza aviaire qui a fini par les contraindre, début juillet, à cesser leur premier atelier. « La peinture, c’est ce qui m’aide à garder le sourire et à continuer à profiter de la vie, même dans les coups durs ». Son père qui entretient une petite parcelle de vigne à Saint-émilion l’a prévenue tôt : « On se relève de toutes les épreuves ». Elle en a fait son adage. Lénaïc n’a pas froid aux yeux.

Enfant, elle ne peignait pas, même si elle s’est toujours intéressée un peu à l’art, dit-elle. C’est lors de son installation, en 2006, dans sa région d’adoption, que s’est imposé petit à petit ce besoin d’exprimer ses émotions sur des toiles. Le couple fut en effet mis à rude épreuve à son arrivée. Ces deux techniciens de coopératives, ensemble depuis les bancs de leur lycée agricole, n’étaient pas issus ni du milieu, ni du département. Face à la violence des réactions voisines en cascade, les couleurs ont volé en éclat dans l’atelier de Lénaïc : « Je cherche souvent mes mots, ils tombent parfois de manière trop abrupte. L’art ne blesse personne. On n’en retient que ce que l’on veut ».

Les altercations ont peu à peu cessé. Mais l'artiste n’a plus jamais dérogé à sa passion. Avec d’autres, elle se mobilise pour amener l’art à ceux qui n’en voient pas. Peintre, agricultrice mais aussi citoyenne engagée : « Le milieu rural ne manque pas de potentiel créatif, mais d’infrastructures pour le montrer. Quelques galeries sont apparues ces derniers mois. Espérons que ce souffle nouveau perdure pour que l’art devienne une voie possible pour nous et nos enfants, même à la campagne ».

La jeune femme croit si fort aux possibles bienfaits de la vie en milieu rural qu’elle, son mari et leurs deux adolescents ouvriront bientôt leur foyer et la ferme à d’autres enfants, en tant que famille d’accueil.

« Amener la peinture partout où on ne l’attend pas »

À voir sur Facebook : Lénaïc blard madillac artiste

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