Portrait Son moulin va trop fort !
Agriculteur, Jean-Pierre Leroux a restauré le moulin à vent de son enfance et est devenu meunier.
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Perché au sommet de la butte de Bertaud, qui domine le village de Bain-de-Bretagne en Ille-et-Vilaine, le moulin du même nom a fière allure avec ses ailes battant au vent. Construit en pierre du pays au XVIIIe siècle, cet édifice de type petit pied se caractérise par une base plus étroite que celle de la tour.
« Selon les archives communales, le dernier meunier connu exerçait en 1870 », raconte Jean-Pierre Leroux, son propriétaire. En 1840, le moulin fut surélevé, pour une meilleure prise au vent, et équipé d’un système Berton, procédé qui a remplacé les voiles par des lames de bois articulées et commandées de l’intérieur.
Enfant, Jean-Pierre venait souvent jouer dans les ruines. À l’exemple de Maître Cornille dans les Lettres de mon moulin d’Alphonse Daudet, qu’il étudiait au collège, le garçon se rêvait meunier.
Un rêve d’enfant réalisé
Les années ont passé. Jean-Pierre a repris la ferme familiale, une exploitation laitière avec 20 hectares, qui s’est agrandie au fil du temps pour monter à 90 hectares. L’idée de restaurer le moulin lui trottait toujours dans la tête. L’arrêt de la production laitière et la réorientation de l’exploitation vers la culture de céréales en agriculture biologique lui ont permis de concrétiser ce rêve.
En 2000, Jean-Pierre a racheté le moulin. « Il était en ruine, il n’avait plus de toit, on m’a pris pour un fou », raconte-t-il. L’agriculteur a commencé à le restaurer, pierre après pierre. Pour la charpente et le mécanisme, il a fait appel à un charpentier amoulageur, l’entreprise Croix, dans le Maine-et-Loire, l’une des dernières à maîtriser ce savoir-faire. La rénovation a nécessité plus de huit ans de travaux.
Les premiers sacs de farine sont sortis à l’été 2008. Au départ, Jean-Pierre a tâtonné. Chaque meunier a son secret, qu’il garde jalousement. Par chance, une voisine retraitée, ancienne bibliothécaire à Paris, a réussi à lui trouver, un peu par hasard, des écrits de 1793 sur l’écrasage des céréales. Froment, sarrasin, seigle…, toutes les céréales moulues au Bertaud proviennent aujourd’hui de l’exploitation.
Comme maître Cornille, à l’époque, qui se battait contre les grosses minoteries, Jean-Pierre est fier de son indépendance et de travailler en circuit court. « Je maîtrise toutes les étapes, du semis à la commercialisation, en passant par la transformation. » Il est devenu meunier. Il a réalisé son rêve…
Isabelle LejasPour accéder à l'ensembles nos offres :