Portrait Horizons aériens
Avec l’aéromodélisme, Amaury Baudoin, éléveur dans l’Oise, s’envole dans des univers historiques, géographiques et techniques.
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Il prend la pièce de balsa et y glisse délicatement son doigt pour en évaluer la courbure. Un dernier coup d’œil et, satisfait, il la repose avec précaution. « Un seul défaut sur une pièce, et l’avion ne pourra pas voler. » Amaury Baudoin sait partager sa passion de l’aéromodélisme. Éleveur laitier bio à Villers-sur-Auchy, dans l’Oise, il ne conçoit plus son métier sans ce loisir qui le « régénère ».
« Après trente ans de foot, j’ai dû arrêter. J’avais besoin d’un autre moyen pour m’évader, trouver un équilibre avec ma vie professionnelle. Bref, oublier la charge de travail, les annuités et les aléas de l’élevage », avoue l’agriculteur.
Un voisin de 80 ans l’initie à la construction d’avion. Pendant deux ans, tous les mercredis après-midi, il lui apprend les bons gestes et lui communique la joie de faire voler.
Décollage familial
« Je pars de plans d’avions à l’échelle que je réduis au 1/6e. Puis je conçois chaque pièce artisanalement, soit 200 à 300 éléments par appareil. L’aéromodélisme fait appel à de nombreuses connaissances : mathématiques, menuiserie, électricité, électronique… J’apprends énormément. »
Depuis, Amaury s’adonne à son hobby tous les dimanches après-midi, avec toute sa famille à qui il a communiqué la passion des modèles réduits. Hélène, son épouse, apporte la touche finale, avec l’entoilage et la décoration. Elle a effectué un stage de peinture au pistolet pour parfaire son art. Quant aux quatre fils, ils fabriquent tous leur propre appareil.
Chacun choisit son avion en fonction de l’histoire de l’aéroplane et de son pilote. Hélène a opté pour un Mustang P51, piloté par un Noir américain. Titouan, le benjamin, a préféré le Policarpov, l’avion des sorcières de la nuit chargé d’empêcher les Allemands de dormir. Et Isaac, l’avion qui s’est écrasé devant la ferme de sa grand-mère, en 1944 (lire l’encadré).
Chaque année, Amaury participe avec sa famille au meeting aérien de Duxford, en Angleterre. Deux de ses fils aident à la préparation des avions anglais pour l’événement. « L’aéromodélisme nous apporte beaucoup, conclut Amaury. Vous n’imaginez pas les émotions ressenties lors des premiers vols de nos appareils. À chaque fois, nous sommes boostés. Cette passion commune soude notre famille et nous ouvre sans cesse de nouveaux horizons. »
Marie-Pierre Canlo
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