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Portrait Le coureur des plaines est monté au sommet

Producteur de légumes et céréalier dans le Loiret, Hervé Lutton a réussi l’exploit de terminer l’Ultra-Trail du Mont-Blanc.

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Courir 168 km en quarante heures ! C’est l’exploit qu’a réalisé Hervé Lutton, début septembre. Cet agriculteur de 48 ans, installé à Saint-Père-sur-Loire dans le Loiret, a fait le tour du Mont-Blanc, gravi 10 cols (10 000 m de dénivelé, soit 36 fois les marches de la Tour Eiffel), en passant par la Suisse et l’Italie, en moins de deux jours, et en ne dormant que quinze minutes.

Face à cette prouesse, Hervé reste humble. « Je suis arrivé à 11 h du matin avec une sensation de bien-être. Mes douleurs s’étaient effacées. Je crois que j’aurais pu encore courir. Le corps a parfois des réactions bizarres… »

Plus qu’un effort physique, l’Ultra-Trail du Mont-Blanc est avant tout une course qui se joue au mental. Sur les 2 300 coureurs, 700 ont abandonné. Pas Hervé. « Il faut aimer se faire mal et repousser ses limites. »

Déterminé et compétiteur, il a découvert les joies de la montagne sur le GR20 en Corse, en 2012. Et depuis 2014, ce producteur de légumes de plein champ et de céréales s’entraîne à la course. En quatre ans, il est passé des balades du dimanche en bords de Loire, à des marathons et des ultra-trails vertigineux.

Aux côtés des champions

Pour prétendre gravir la montagne de Chamonix, une sélection est nécessaire. Le coureur des plaines a ainsi effectué trois courses de 100 km chacune, et 15 000 m de dénivelé cumulé, en deux ans. Puis, sur les 6 400 prétendants, Hervé a eu la chance d’être tiré au sort. « Je n’en revenais pas d’être sur la ligne de départ aux côtés de grands sportifs mondiaux. Moi, un amateur, qui plus est paysan ! »

Pas simple de concilier son métier avec un entraînement intense, qui demande au minimum quatre séances hebdomadaires. « Après ma journée, je n’ai aucune envie d’aller courir. J’ai pris le parti de m’exercer en travaillant. Parfois, je vais chercher le tracteur à 10 km en courant. » Il crapahute quelques week-ends sur les rochers de Fontainebleau (Seine-et-Marne) et, une semaine par an, part en montagne. « Heureusement que ma femme, Lydia, s’occupe de la vente directe », reconnaît le sportif qui, quarante-huit heures après son challenge, conditionnait des sacs de céréales !

L’aventurier rêve de courses à l’étranger, ou de dossard solidaire (lire encadré). Un moyen de fédérer tous les soutiens qu’il a reçus autour d’une cause caritative.

Aude Richard

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