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Le jour où… « Mon élève Léna a retrouvéla parole »

Ludovic, 46 ans, éleveur des Hautes-Alpes.

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C’était pendant les vacances du mois de février 2002. Je venais de démarrer une activité de ski joëring (attelé) en bas de la station d’Ancelle, pour les vacanciers. Ce jour-là, une fillette de 4 ans est arrivée avec sa maman après son cours de ski. Cette blondinette nous regardait, mon fils Junior et moi, tourner à ski, tractés par nos chevaux. Je lui ai proposé de faire un tour. La mère m’a dit que sa fille allait essayer mais qu’il ne fallait pas trop la forcer car elle avait subi un choc psychologique et ne parlait plus depuis Noël.

Comme j’ai l’habitude d’emmener des tout-petits, j’ai dit doucement au bout de chou : « On y va ensemble, je te montre. Le cheval fait un tour et revient au paddock. » L’enfant m’a répondu « oui » avec la tête.

Cette semaine-là, on a vu la petite Léna tous les soirs après le ski. Et comme elle était douée, je la laissais évoluer toute seule derrière Limbo, l’étalon de mon fils. Elle avait remarqué que je faisais claquer mes skis par terre pour faire avancer le cheval et m’a imité.

 

Liens d’amitié

Un soir, nous tournions ensemble sur la piste mais son cheval traînait un peu. Au galop avec Mikado, je la doublais et, à la voix, j’incitais son cheval à cavaler. Je lui ai dit que si elle voulait aller plus vite, il fallait qu’elle encourage Limbo en lui parlant très fort. Peu après, en haut de la piste, j’ai vu l’animal redresser la tête. Il était en alerte. Surpris, je me suis dit qu’il avait entendu quelque chose… Il a nettement accéléré, et j’ai entendu : « Allez, vas-y ! » Léna s’était mise à l’encourager à la voix ! J’ai regardé sa mère, Katou. Nous étions incroyablement émus. Je le suis encore aujourd’hui quand je pense à ce moment. Katou m’a expliqué que le meilleur ami de maternelle de sa fille était décédé deux mois avant, intoxiqué au monoxyde de carbone. Et que depuis, elle ne communiquait plus que par signes. Elle avait parlé au cheval, allait-elle de nouveau parler aux humains ?

Le lendemain, Léna m’a demandé elle-même à faire un tour de ski joëring. Elle avait retrouvé la parole. Ce fut un grand bonheur, comme un rayon de soleil. Je suis heureux d’avoir fait quelque chose de bien pour quelqu’un, sans l’avoir vraiment cherché.

Elle est ensuite revenue tous les hivers à Ancelle, où habite sa grand-mère. Des liens se sont créés avec sa famille. Aujourd’hui, Léna a 18 ans. Elle est très liée d’amitié avec Junior, mon fils, et l’été vient monter à cheval à la maison.

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