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Portrait Frère des hommes

Agriculteur retraité et par ailleurs diacre, André Viville est aumônier catholique à la maison d’arrêt de Metz (Moselle). Son projet est de mettre en place un atelier de maraîchage pour aider à la réinsertion de détenus.

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Trois à quatre fois par semaine, André Viville, 65 ans, quitte son village de Flocourt, en Moselle, pour se rendre à la prison de Metz-Queuleu. Là, il visite les détenus qui le souhaitent, les écoute, les réconforte. Il leur procure aussi une précieuse aide matérielle, en leur donnant des noms d’organismes qui peuvent les guider à leur sortie.

Une demande humaine et spirituelle

André est diacre depuis huit ans et aumônier de prison depuis cinq ans. « J’ai ressenti comme un élan, le besoin de me mettre au service des plus démunis, explique cet homme calme et discret. Le diaconat a été un premier cheminement, alors que j’ai toujours eu des responsabilités professionnelles, des engagements associatifs. »

 

André était en Gaec sur une exploitation de polyculture-élevage. À l’heure de la retraite, il a cédé ses parts à son neveu. « La prison de Metz cherchait des aumôniers et je me suis proposé. J’ai suivi une formation dispensée par l’Église et une autre par l’administration pénitentiaire. Notre responsabilité est grande car nous sommes les seuls à détenir les clés des cellules, en plus des gardiens. »

Ils sont cinq aumôniers catholiques, un protestant et un musulman à intervenir. André observe la grande détresse morale des personnes incarcérées : « Il y a une vraie demande, humaine et spirituelle. Les détenus ont perdu repères, famille, emploi, logement… Ils sont souvent des victimes, d’accidents de la vie notamment, avant d’être coupables. Incapables de donner ce qu’ils n’ont pas reçu. En France, on incarcère trop, sans alternatives qui seraient moins brutales et cassantes. »

Redonner confiance

André se désole aussi du nombre de « sorties sèches ». Rien ni personne ne les attend pour leur réinsertion sociale et professionnelle. Le retraité a donc le projet de monter un atelier de maraîchage sur 1 ou 2 ha d’un terrain familial, où travailleraient des détenus en fin de peine. Avec logement sur place.

 

« Mon idée est d’accueillir une dizaine de personnes, leur redonner confiance, leur montrer qu’ils peuvent avoir une vie sociale. » Si André peut compter sur le soutien du maire, il doit faire face à la lourdeur de l’administration pénitentiaire. « C’est compliqué de faire bouger les choses. J’espérais démarrer au printemps 2023, mais ce sera probablement 2024. »

 

L’homme lance d’ailleurs un appel au monde agricole, espérant y trouver le responsable de l’atelier de réinsertion. « Pour ce poste, je fais confiance à la motivation, à l’engagement humain, dont saura faire preuve quelqu’un d’origine agricole. »

Dominique Péronne

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