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Portrait Florent Perrier, un agriculteur qui tutoie les sommets

Producteur de beaufort et ancien champion du monde de ski-alpinisme, Florent Perrier affirme que le travail l’a rendu fort dans le sport, et vice versa.

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Dans le sport comme au travail, Florent Perrier aime les défis. Il se repose rarement et ne renonce jamais. Ce mental en acier l’a propulsé jusqu’au titre suprême de champion du monde de ski-alpinisme, en 2008. « Mais je viens du travail avant de venir du sport », aime à rappeler ce producteur de beaufort, ancien salarié de fromagerie, installé depuis le 1er janvier 2021 et associé en Gaec avec Mélanie. Ils élèvent une quarantaine de vaches tarines dont ils transforment le lait en alpage.

Champion du monde, un rêve devenu réalité

Le sportif affirme que c’est le travail qui l’a forgé, habituant son corps à l’effort et éduquant son esprit à ne rien lâcher. « J’ai commencé à l’âge de dix-sept ans à passer des saisons en alpage, en tant que salarié, raconte-t-il. C’était dur : cent jours d’affilée sans repos, en se levant à 5 heures. Mais quand on commence une saison, on va jusqu’au bout ! »

 

Florent entre ensuite comme fromager dans une coopérative du Beaufortain, où il restera vingt-cinq ans. Parallèlement, il participe à ses premières compétitions de ski-alpinisme et intègre l’équipe de France en 2003.

 

« J’avais déjà trente et un ans, mais j’y ai mis toute mon énergie », souligne celui qui trouvait le temps de s’entraîner seize à dix-huit heures par semaine, à côté de son emploi. « Je voulais gagner des courses ! » Et il en gagne, par équipe, puis individuellement.

Très vite, Florent vise un objectif : décrocher un titre mondial. En 2007, il devient champion d’Europe par équipe, en individuel et au vertical. L’année suivante, il remporte ces trois médailles d’or au niveau mondial, en Suisse. La décharge d’adrénaline qu’il reçoit en franchissant la ligne d’arrivée reste gravée dans sa mémoire. « Il n’y a rien de comparable à cela, car on se prépare pendant deux ans pour être prêt le jour J, et jusqu’à la dernière seconde tout peut arriver », témoigne-t-il.

 

S’il admet avoir « beaucoup sacrifié » pour réaliser ce rêve, Florent estime que le travail peut être encore plus dur. « Dans le sport, si on n’en peut plus, on peut s’arrêter, ajoute-t-il. Mais si on a des vaches à traire ou un employeur qui nous attend, on doit y aller. Même épuisé, on se lève à 2 heures du matin pour une bête. »

 

Après son départ de l’équipe de France en 2011, Florent Perrier a encore enchaîné plusieurs podiums, comme sur la mythique Pierra Menta, tout en étant responsable de fabrication à la coopérative. Ses années de sport de haut niveau lui ont appris à ne pas se fixer de limites.

« On peut aller plus loin, se dépasser »

« Pendant une compétition, on s’aperçoit toujours qu’on peut aller plus loin, se dépasser, confie-t-il. C’est pareil au travail, face à une difficulté : on ne doit pas sous-estimer ses capacités. »

 

Aujourd’hui, à quarante-huit ans, il n’a plus de course en vue. Cela lui manque-t-il ? « Je me suis lancé sur un nouveau défi, élude Florent. C’est le rêve de tout fromager d’avoir un jour son troupeau ! Et le métier est physique : qu’il s’agisse de fabriquer le beaufort ou d’aller clôturer des parcs en montagne, j’ai l’occasion de me dépenser… »

Bérengère Lafeuille

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