Portrait Un agriculteur en ligne directe avec les Français
Jérôme Regnault, chef d’exploitation dans les Yvelines, a cocréé le collectif « Ici la terre » pour répondre, par téléphone, aux questions du grand public sur le métier d’agriculteur.
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À Plaisir, dans les Yvelines, l’exploitation de Jérôme Regnault se situe au milieu des pavillons, tout près d’une école, d’un gymnase et d’un centre hospitalier. « Vivant dans la ville, je suis attentif aux activités de chacun et j’organise mon travail en fonction, par respect », explique le céréalier de 46 ans.
« En agriculture de précision depuis quatre ans, je sors mon pulvérisateur deux fois plus souvent qu’avant, même si j’utilise beaucoup moins de produits, poursuit-il. En échangeant avec les voisins, il y a parfois de la méfiance mais jamais d’agressivité. Pourtant, en écoutant la radio dans mon tracteur, j’avais de plus en plus de mal à entendre les discours anti-agriculture sans fondement. »
Échanger avec les voisins
Cet homme passionné par son métier, qu’il souhaite défendre, constate que si le regard des Français est dénigrant envers l’agriculture, il est conciliant avec l’agriculteur. L’idée est donc de « miser sur cette tendresse » portée aux hommes et de recréer un contact direct avec le grand public. Le collectif « Ici la terre » naît à la fin de 2019 (voir l’encadré ci-dessous).
« Il est légitime que les Français s’interrogent sur leur alimentation, leur environnement, leur santé, mais il l’est tout autant que les professionnels de l’agriculture fassent partie de la réponse. À nous de reprendre la main. Je ne veux pas de regard suspicieux vis-à-vis de mes pratiques. Cela me serait insupportable que mes proches n’assument pas mon métier. J’ai le sentiment de bien le faire. Discuter de mon travail et être entendu, c’est très satisfaisant. »
Un autre regard
Quand cet homme sincère répond bénévolement aux questions au téléphone, il ne se lasse jamais et parle souvent de son engagement dans l’association Versailles plaine responsable, qui agit pour la préservation de la biodiversité. « Nous avons développé les jachères mellifères et l’apiculture quand nous avons eu des critiques sur l’impact de l’agriculture sur les abeilles. Les pots de miel récolté sont une bonne base de discussion ! »
Pour ce père de quatre enfants, même si communiquer sur ses pratiques auprès du grand public, mais aussi des médias, prend du temps, il se sent « bien mieux » dans son métier aujourd’hui et plus épanoui. « Depuis deux ans, je note beaucoup plus de prudence et d’écoute de la part de la presse généraliste. Le discours a changé. Le regard des journalistes vis-à-vis de notre travail a évolué et vice versa. »
Florence Mélix
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