Portrait Semences de tapisserie à pleines mains
Après vingt ans dans l’informatique, Blandine Lefébure s’est reconvertie dans le métier de tapissier. Une profession riche de contacts, qui lui permet, de surcroît, d’exercer près de la ferme de son mari, à Guise (Aisne).
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
« Informaticien est un métier de ville », affirme Blandine Lefébure. Cette femme d’agriculteur de Guise, dans l’Aisne, en sait quelque chose. Quand la société qui l’employait a déménagé son service informatique à Villeneuve-d’Ascq, dans le Nord, elle « n’a pas pu suivre avec ses champs et ses vaches ». Licenciée en 2002, elle choisit de se poser. D’autant que son mari, Bruno, prenait à l’époque la présidence de la coopérative Cerena. « Nous ne pouvions pas vivre tous les deux à 100 à l’heure. » Cette maman, qui jonglait jusqu’alors entre vie professionnelle et familiale, apprécie. Elle ouvre un gîte à la ferme de Courcelles. « J’étais là pour mon époux, mes trois enfants, je ne m’ennuyais pas », dit-elle.
Des ateliers créateurs de liens sociaux
Une amie lui propose de suivre des cours de réfection de sièges, et c’est ainsi qu’elle découvre cet art. En 2009, quand sa dernière quitte le nid pour ses études, Blandine décide de devenir tapissier. Adolescente, elle rêvait d’être décoratrice d’intérieur, mais ses parents l’avaient découragée. À quarante-sept ans, elle repart sur les bancs de l’école et décroche son CAP. L’entreprise « Blandine depuis 2009 » voit le jour en 2011.
L’artisane aménage son atelier dans une maison qui surplombe le corps de ferme. Elle y dispense des cours trois jours par semaine et une semaine sur deux. « Les gens s’inscrivent selon leur budget et leur emploi du temps », précise-t-elle. Les élèves, hommes et femmes, de tous âges, viennent d’un rayon de 70 km. « C’est une journée de convivialité. Pour eux, comme pour moi, c’est l’occasion de créer des liens sociaux en milieu rural. Mes tarifs sont très raisonnables. Une consœur à Caen demande 15 € de l’heure, en Thiérache, c’est impossible. »
La décoratrice saisit quelques semences entre ses doigts, ces pointes à tête plate qui maintiennent le tissu et affirme : « Dans ce métier, c’est le regard et la main qui opèrent. C’est l’apprentissage de la patience, il faut faire et refaire. Il s’agit d’être méthodique, de raisonner, calculer, apprécier les volumes. Cette discipline exige rigueur et constance, comme ma précédente profession. Mais il y a aussi un côté artiste. Avec la mousse, je peux sculpter et laisser libre cours à ma créativité. »
La professionnelle travaille de trois façons : à l’ancienne pour le mobilier d’époque, de manière traditionnelle pour un siège de belle facture, ou avec de la mousse Bultex pour une pièce contemporaine. Et, on ne quitte pas son atelier sans découvrir les innombrables collections de tissus dont les matières, motifs et couleurs font vraiment rêver !
C. Yverneau
[summary id = "10025"]
Pour accéder à l'ensembles nos offres :