Une forte baisse de l’usage des antibiotiques en élevage de porcs
En douze ans, les éleveurs de porcs ont réduit de 77 % l’utilisation d’antibiotiques grâce aux pratiques préventives en élevage, selon le dernier Panel Inaporc.
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« Entre 2010 et 2022, l’exposition des porcs aux antibiotiques a baissé de 77 % selon le Panel Inaporc, un chiffre proche de celui publié par l’Anses (–70 %) », souligne Alexandre Poissonnet, de l’Institut technique du porc (Ifip) (1). Le Panel mis en place depuis 2010 par l’interprofession Inaporc est réactivé tous les trois ans afin de connaître l’usage des antibiotiques des élevages porcins français, en détaillant les catégories d’animaux traités et les motifs de traitement. Les résultats de 2022 montrent une baisse marquée des usages d’antibiotiques avec des évolutions des usages selon les catégories d’animaux.
Moins de traitements en postsevrage
« Jusqu’à récemment, les porcs en postsevrage étaient les plus consommateurs d’antibiotiques. Mais en 2022, pour la première fois, ce ne sont plus eux les plus exposés : leurs jours de traitement ont chuté de 92 % en douze ans et de 64 % sur les trois dernières années, notamment grâce à la forte diminution des usages de prémélanges médicamenteux (–87 % en trois ans) », indique l’ingénieur. Désormais, le principal motif de traitement en postsevrage est d’ordre respiratoire devant les troubles digestifs qui ont significativement diminué grâce à des mesures préventives (vaccination, alimentation, conduite d’élevage).
Aujourd’hui, ce sont les porcelets sous la mère qui constituent la catégorie la plus traitée, bien que leurs usages aient globalement reculé de 46 % depuis 2010. La hausse observée depuis 2019 (+59 %) tient surtout à des pratiques atypiques, limitées à quelques élevages.
Chez les truies, la baisse atteint 60 % depuis 2010. Ce sont principalement les tétracyclines et les TMP-sulfa qui sont majoritairement utilisés pour lutter contre des problèmes uro-génitaux. En douze ans, les prémélanges dans l’aliment ont diminué de 97 %, avec seulement 3 % des élevages concernés en 2022. En engraissement, l’usage a diminué de 91 % en douze ans, et de moitié depuis 2019. Le motif respiratoire est la principale cause de traitement.
Le recours aux antibiotiques (au moins une fois dans l’année) concerne seulement 69 % des élevages en phase de postsevrage et 59 % en phase d’engraissement. Cette diminution s’explique par la mise en place des cahiers des charges restreignant leur utilisation à partir du sevrage. En revanche, les taux demeurent élevés chez les truies et les porcelets sous la mère, en raison de leur forte sensibilité aux infections urogénitales et digestives.
L’amélioration de la biosécurité, des conditions de logement, l’alimentation, vaccination, mais aussi l’engagement des éleveurs a accéléré la tendance. Un ralentissement commence à apparaître depuis 2019 car les marges de baisse se réduisent. Mais ces résultats rappellent aussi que l’usage raisonné, adapté au bien-être animal, reste nécessaire.
(1) Il intervenait lors des journées de la recherche porcine (JRP) en février 2025.
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