De bons rendements de pommes de terre en 2024, malgré la pluviométrie
Le climat doux et surtout très pluvieux a caractérisé la campagne de culture des pommes de terre de 2024, retardant les plantations, et entraînant une très forte pression du mildiou.
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En 2024, le rendement moyen des pommes de terre de consommation s’établit à 48,7 t/ha (données UNPT (1)). Il progresse de 9,1 % par rapport à la moyenne quinquennale et de 4,4 % par rapport à la moyenne décennale. Derrière ce rendement, se cachent de fortes hétérogénéités, a indiqué Arvalis lors de la réunion technique dédiée à la pomme de terre, le 21 novembre 2024 à Amiens. Le rendement de fécule est « très bon », estimé le 18 septembre à 51,8 t/ha. « Cela faisait plus de six ans que l’on n’avait pas connu ça », souligne Solène Garson, d’Arvalis.
À 170 244 hectares, les surfaces françaises en pommes de terre en 2024 ont progressé de 7 % sur un an, soit une hausse de 11 000 hectares, dont 8 000 hectares dans les Hauts-de-France. Les surfaces du NEPG (Belgique, Allemagne, France et Pays-Bas) ont enregistré une hausse de 7 % également en moyenne sur un an (+45 000 hectares), à près de 560 000 hectares.
Plantations retardées
Sur la période allant du 15 mars au 15 mai 2024, les secteurs de production de pomme de terre ont connu entre 25 et 30 jours de pluies (c’est-à-dire à plus de 1 mm), contraignant les plantations, de façon similaire à 2023. En 2022, sur la même période, seuls 5 à 10 jours de pluies avaient été enregistrés.
« Cette année, au 22 avril, 10 % des surfaces étaient plantées, contre 95 % en 2022 », appuie Solène Garson. En plus d’être retardées, les périodes de plantations ont été allongées. « On a commencé à partir de la mi-avril pour terminer entre le 10 et le 15 juin, soit 9 semaines de plantations », appuie l’ingénieure.
Les plantations ont été tardives, et dans des sols froids et humides, des conditions favorables au rhizoctone brun. « Dans certaines situations, la vigueur germinative a été impactée par des égermages successifs », ajoute-t-elle.
À cela se sont ajoutées des tensions de disponibilité sur les plants « qui ont entraîné des prises de risque dans les plantations », commente Solène Garson. « On a eu des plantations avec des densités abaissées, avec des variétés pas connues sur notre territoire français, et avec du plant coupé de façon plus importante. Tout cela a pu engendrer des problèmes de levées. » Après avoir baissé en 2023, les surfaces de plants certifiés ont augmenté de 4 % en 2024 en Europe, à 97 000 hectares.
Forte pression du mildiou
L’année pluvieuse a laissé peu de fenêtres d’intervention de désherbage mécanique et a également été propice aux maladies, notamment au mildiou. « Les contaminations ont commencé très tôt en campagne », retrace François Ghigonis, d’Arvalis. Ce dernier rappelle que 80 % des variétés produites sont classées sensibles au mildiou.
« Certaines parcelles avec du mildiou précoce n’ont pas été protégées dès la levée », explique-t-il. Et de signaler également des problèmes de cadences de traitement pas assez resserrées en croissance active (5 jours préconisés plutôt que 7). « Sur une année comme celle-là, dès que le mildiou est dans la parcelle, on a du mal à s’en débarrasser », ajoute-t-il. Pour autant, peu de parcelles ont été complètement grillées par le mildiou qui a eu une « bonne gestion ».
Dégâts de limaces importants
Les ravageurs ont, eux, été peu présents. Les seuils de nuisibilité des pucerons ont été peu dépassés. « On a surtout vu des cicadelles en fin de cycle, dont les attaques peuvent transmettre des virus », rappelle François Ghigonis. Les limaces ont entraîné des dégâts importants dès le début du cycle, et également sur des pommes de terre restées longtemps en terre.
La pluviométrie a aussi entravé les arrachages, quel que soit le bassin de production. « Il reste des parcelles pas encore arrachées dans la Région Centre, ce qui arrive très rarement », souligne l’ingénieur. Les conditions d’arrachage ont entraîné beaucoup de terre, et « les machines ont souffert ».
L’humidité a aussi posé des problèmes de séchage et stockage. « On a eu du mildiou en campagne, et des cas de pourritures, comme de la bactériose ou du pyhtium, ont également été remontés. Il faudra faire attention, et également surveiller la pression germinative dans les mois à venir », conclut François Ghigonis.
(1) Union nationale des producteurs de pommes de terre.
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