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Pour protéger un captage, « je me suis engagé dans un PSE »

Avec une grande partie de son exploitation sur une aire d’alimentation de captage, Pierre-Baptiste Blanchant, agriculteur à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), s'est engagé dans un dispositif de PSE

Avec une grande partie de son exploitation sur une aire d’alimentation de captage, Pierre-Baptiste Blanchant, agriculteur à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), vient de s’engager dans un PSE (paiement pour services environnementaux). Une démarche présentée à la ministre Agnès Pannier-Runacher lors de son déplacement sur la qualité de l’eau le vendredi 28 mars 2025.

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« Comme toute autre activité humaine, nous agriculteurs, avons une empreinte sur notre environnement, estime Pierre-Baptiste Blanchant, agriculteur à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais). Je me suis donc engagé, à la fin de 2024, comme 18 autres exploitants, dans le PSE (paiement pour services environnementaux) mis en place par la communauté d’agglomération de Lens Liévin (1). L’important, pour moi, était de rejoindre un groupe d’agriculteurs qui veulent avancer sur ces questions, d’autant qu’un technicien a été recruté pour nous aider. »

Trois indicateurs à suivre

« Face au captage prioritaire de Wingles (Pas de Calais), 4,5 hectares ont déjà été passés en bio chez nous. Pourtant, selon moi le bio n’est pas forcément la solution. Avec près de 80 hectares situés sur l’aire d’alimentation du captage (AAC) concernée par le PSE signé à la fin de 2024, cette fois je vais devoir suivre trois indicateurs. »

Pour percevoir l’aide financière prévue dans le cadre du PSE, Pierre-Baptiste Blanchant doit respecter les trois critères suivants :

Baisse compliquée des IFT herbicides

« La campagne actuelle va servir de base aux cinq années à venir du PSE, poursuit Pierre-Baptiste Blanchant. Mes pratiques vont certainement évoluer en pilotant davantage mes apports d’engrais et de produits phytosanitaires. Je suis déjà équipé en RTK, en coupures de tronçons et d’un modèle récent d’épandeur à engrais avec pesée embarquée. »

Le 28 mars 2025, Pierre-Baptiste Blanchant a rencontré la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher (de dos sur la photo), lors de son déplacement pour présenter la feuille de route du gouvernement sur la qualité de l'eau. (©  Céline Fricotté/GFA)

« Je suis au-dessous de la moyenne en termes d’emploi de phytos, poursuit-il. Mais, du côté des herbicides, cela demeure compliqué de réduire davantage, d’autant que nous faisons face à des résistances sur ray-grass et vulpin, à des pertes de molécules, et, avec le changement climatique, à de nouvelles adventices. Les nombreuses espèces cultivées sur l’exploitation (2) me permettent toutefois d’allonger au maximum mes rotations pour gérer en partie la flore adventice. »

« La grande majorité de nos cultures ont tout de même besoin d’un passage d’herbicide en prélevée, explique l’agriculteur. Je baisse souvent un peu la dose car je peux rattraper avec le désherbage mécanique, désormais beaucoup plus standardisé. Nous avons ainsi des bineuses pour toutes nos cultures sarclées. Mais ça n’est pas le miracle. Par exemple, s’il y a du datura (risque sanitaire) dans mes haricots verts, je ne vais pas baisser mon IFT et perdre une parcelle. »

Lentille semée à la fin de mars

« Quant aux cultures à bas niveau d’intrants (BNI), cela reste souvent compliqué à mettre en place s’il n’y a pas de filière pour les commercialiser, reprend Pierre-Baptiste Blanchant. Pour cette année, je viens de semer de la lentille, ce qui permet notamment d’économiser de l’azote. »

« Si je ne me suis pas trop intéressé à l’aspect pécuniaire de la subvention, je n’ai pas non plus choisi d’être sur une exploitation en plein captage. Cela reste énormément de contraintes. D’autant que les banques s’en fichent pas mal de savoir si l’on est, ou pas, sur une AAC. Il faut donc que nos terres restent productives. Et si on nous oblige à ce qu’elles le soient moins, il faut être dédommagé », conclut Pierre-Baptiste Blanchant.

(1) Avec l’appui de l’agence de l’eau Artois Picardie. (2) Pommes de terre, oignons, pois de conserve, haricots verts, choux pommés, blé, maïs, betteraves…

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