Le gouvernement reprend « à bras-le-corps » la qualité de l’eau potable
La ministre de la Transition écologique a présenté le 28 mars 2025 une feuille de route visant à améliorer la qualité de l’eau potable, au travers d’une meilleure protection des captages.
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Le 28 mars 2025, la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a présenté une nouvelle feuille de route pour l’amélioration de la qualité de l’eau potable par la protection des captages.
« L’idée est de reprendre ce sujet à bras-le-corps, a déclaré le cabinet du ministère en conférence de presse. Prévenir la pollution en amont est souvent un acte plus simple et moins coûteux que dépolluer un captage ou une nappe entière. Or, le constat aujourd’hui est qu’en matière de prévention, on n’y est pas du tout. » En effet, sur les 33 000 captages de France, seuls 1 500 sont sécurisés, c’est-à-dire dotés de leurs périmètres de protection et d’une aire d’alimentation de captage.
Cette feuille de route vise donc à « passer à l’échelle » sans pour autant « remettre en cause » l’existant. Elle s’articule autour de trois grands axes :
- Définir les captages dits « sensibles » ;
- Prioriser et protéger les captages menacés ;
- Accompagner les acteurs (en particulier agriculteurs, industriels et collectivités).
Cartographie à la parcelle
Sur le premier axe, l’objectif sera de cartographier de manière très précise « les endroits à protéger ». Pour l’agriculture, il s’agira de l’échelle de la parcelle, en particulier celles qui contribuent le plus à alimenter le captage.
Un certain nombre de critères sera pris en compte pour décider si oui ou non un captage est sensible : pourcentage de dépassement des seuils de qualité, nombre de personnes desservies, situation géographique du captage ou encore degré de criticité sur le plan quantitatif (la rareté de l’eau amenant à une concentration des pollutions).
« Dès le mois d’avril, le groupe national captages (1) sera réactivé », précise le cabinet. Il aura notamment pour mission le choix des critères. Un arrêté national sera ensuite pris, après une phase de consultation obligatoire qui devrait avoir lieu en octobre 2025.
Éviter les situations de blocage
Le deuxième axe se traduira par la publication d’un guide, rédigé par le groupe national captages. Il sera destiné aux préfets, collectivités et à tout acteur local concerné par la qualité de l’eau.
« Nous souhaitons éviter de nous retrouver dans des situations où les agriculteurs nous disent qu’ils ne sont pas associés, où les collectivités nous rapportent qu’elles n’arrivent pas à embarquer le monde agricole et où les services de l’État nous remontent que ça n’avance pas », indique le cabinet. Selon ce dernier, ces situations de blocage sont fréquentes car « les parties n’arrivent pas à s’entendre », malgré les bonnes volontés de départ. Ce guide permettra aussi d’aider la mise en place des plans de gestion de sécurité sanitaire des eaux (2), dont les premières échéances arrivent en 2027.
À la question d’interdire les produits phytosanitaires dans les aires d’alimentation de captage, mesure souhaitée par un certain nombre d’associations environnementales et quelques partis politiques, le ministère a répondu que la décision sera prise au cas par cas.
À ce sujet, et c’est un cas unique, la commission locale de l’eau du bassin-versant de la Vilaine a récemment voté l’interdiction des herbicides sur maïs dans les parcelles à risque. Pour le cabinet du ministère, ce vote est « un exemple parfait » qui met en lumière le besoin de relancer un travail au niveau national. « Ce sujet montre qu’il y a des difficultés entre ce qui se passe sur le terrain. Ce que nous, au ministère, nous souhaitons mettre en place, l’écoute des agriculteurs d’une part, ce que peuvent faire les collectivités d’autre part. Cet exemple montre aussi qu’il y a une volonté locale d’avancer mais pas forcément la bonne méthode employée. Nous souhaitons justement proposer une méthode pour que cela n’arrive plus et qu’on puisse avoir des ententes. »
Améliorer les PSE
Sur le troisième et dernier axe, le cabinet s’est félicité des montants alloués à la feuille de route : « Nous avons réussi à flécher 6,5 millions d’euros de la stratégie Ecophyto. » Une partie de cette somme sera mobilisée dès cette année pour la cartographie des aires d’alimentation de captage, avec un objectif de réalisation sur 500 captages. 2 milliards d’euros restent par ailleurs disponibles dans les aquaprêts de la Banque des territoires. Le cabinet a enfin évoqué l’idée d’identifier de nouveaux moyens de financement pour soutenir les acteurs dans leurs investissements ou leur changement de pratiques. L’amélioration de l’outil des paiements pour services environnementaux (PSE) a aussi été évoquée.
(1) Groupe constitué de représentants des collectivités, du monde agricole, du monde de l’eau et des services de l’État.
(2) Les plans de gestion de sécurité sanitaire des eaux (PGSSE) constituent une mesure de la directive européenne sur l'eau potable de 2020. Ils visent à garantir en permanence la sécurité sanitaire de l’eau pour le consommateur et devront être mis en place par les collectivités au plus tard en 2027 sur le périmètre de la ressource et en 2029 sur le périmètre de la production et la distribution de l’eau.
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