« Je protège la ressource en eau avec des cultures pérennes »
Après le miscanthus il y a dix ans, Damien Detappe a fait le pari d’une plantation d’arbres truffiers sur une parcelle de son exploitation.
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Agriculteur dans la région compiégnoise, Damien Detappe gère une exploitation de 450 hectares de céréales, betteraves, pois, lin et tournesol. Depuis quelques années, des cultures pérennes viennent compléter son assolement. « Je cherchais une solution pour mieux valoriser les petites terres de cranette, en ciblant notamment une parcelle située à proximité d’une école, relate l’agriculteur. Celle-ci se trouve sur le bassin-versant de l’Aronde, une rivière qui alimente une partie des captages de l’agglomération de Compiègne : il y avait donc aussi un enjeu sur la ressource en eau », ajoute-t-il.
Préalables techniques
À ces approches agronomiques et environnementales, Damien a intégré celle de l’économie en faisant le pari de la truffe. Cette culture n’étant pas présente dans sa région, l’agriculteur s’est formé pour faire les bons choix techniques en fonction de son contexte pédoclimatique. Après un an de réflexion sur le projet, la parcelle a été convertie en 2018, avec une alternance de chênes et de charmes certifiés mycorhizés.
« Je suis parti sur un mélange pour ne pas mettre tous mes œufs dans le même panier, en cas de maladies par exemple. De plus, ces essences n’ont pas le même rythme de production », explique l’agriculteur. L’exploitant a opté pour des truffes noires du Périgord, une variété qui demande de l’ensoleillement en bas de pied. Cela lui a permis d’avoir de larges interrangs, facilitant ainsi l’entretien.
Voilà maintenant six ans que les arbres sont en place, et Damien a déjà pu observer les signes caractéristiques de la présence du champignon : une zone sans herbe autour de la base du tronc appelé « brûlé ». Cette étape réussie ne garantit pas pour autant la présence effective de truffe, car il faut encore qu’ait lieu la fructification. « Il faut attendre en moyenne sept à dix ans pour espérer une production : c’est un pari sur le long terme », estime l’agriculteur.
Vente directe
Damien n’en est pas à ses débuts dans les cultures pérennes, puisqu’il cultive aussi 10 ha de miscanthus, planté entre 2011 et 2015. « À l’époque, mon père avait ciblé trois parcelles en fond de vallée, sujettes à l’érosion et au ruissellement. L’agglomération de Compiègne incitait également les agriculteurs à installer des cultures pérennes à bas niveaux d’intrants dans ses zones de captage », explique-t-il.
Pour l’agriculteur, le miscanthus présente très peu de contraintes, le seul point d’attention technique étant d’avoir une plante bien sèche lors de la récolte annuelle au printemps. Il a également observé une réduction significative des dégâts de lapins sur les trois parcelles, dont les populations étaient auparavant très présentes. « Le miscanthus amène en revanche du sanglier, mais la pression se gère encore correctement sur le secteur », précise Damien.
Une fois récolté, le miscanthus est stocké dans un bâtiment et est destiné à de la vente directe en paillage horticole. Le produit est proposé en vrac, en big-bag ou en sac selon la clientèle : communes, paysagistes et particuliers. « Ce type de débouché est assez chronophage mais on s’y retrouve, affirme l’agriculteur. Et la vente des truffes, que j’envisage aussi en direct, devrait être bien positionnée, à une période de l’année un peu moins chargée. »
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