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Des drones à l'essai pour lutter contre le frelon asiatique

Didier Crauser, technicien de recherche pour l'Inrae, a mis au point un système de pistage pour dénicher les nids de frelons.

Un système constitué de balises et de drones s’apprête à être testé chez des apiculteurs pour faciliter la détection et la destruction des nids de frelons asiatiques.

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La fin du règne du frelon asiatique aurait-elle bientôt sonné ? C’est le pari du technicien de recherche et apiculteur de Vendée, Didier Crauser, affecté au pôle « abeilles » de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), à Avignon (Vaucluse).

En test chez des apiculteurs

Depuis trois ans, Didier Crauser travaille sur un dispositif technologique constitué de balises radio télémétriques (technologie de mesure des distances) collées sur les frelons, couplées à l’utilisation d’un drone pour détruire les nids.

Cette solution de lutte sera testée à partir du jeudi 22 août 2024 et jusqu’au mois de novembre chez une vingtaine d’apiculteurs afin de vérifier l’efficacité du drone. Les balises, elles, ont déjà été testées au  printemps dernier. Didier Crauser vise le lancement officiel de ce procédé aux professionnels d’ici fin 2026.

Comment ça marche ?

L’ennemi numéro un des apiculteurs du territoire porte un nom : Vespa velutina ou frelon à pattes jaune. Arrivé d’Asie en 2004, il cause aujourd’hui près de 30 % des pertes de ruchers à l’échelle nationale en dévorant les abeilles. « La meilleure façon de les éradiquer, c’est de trouver les nids et de les détruire. Le problème, c’est qu’ils sont en hauteur et difficiles à voir », déplore Didier Crauser.

Pour y pallier, Didier Crauser décide de faire appel à une société française pour créer un prototype de balise ultralégère (0,12 gramme) et de petites tailles (1 millimètre de long et 4 millimètres de large) qu’il a imaginé pour éradiquer les frelons.

Les balises sont adaptées à la taille de l'abdomen des frelons. (© Didier Crauser)

« On se positionne devant les ruches et on attrape un ou plusieurs frelons à l’aide d’un filet à papillons. On étourdit ensuite les insectes avec du CO2 pour leur coller une balise sous l’abdomen. Ce dispositif nous permet ensuite de géolocaliser le nid du frelon par radiofréquences en suivant son trajet de retour. Le drone récupère le signal en survolant la zone de chasse de l’insecte (environ 1 km) avec une capacité de détection d’un rayon de 1,5 km », décrit Didier Crauser. Les apiculteurs s’occupent du reste en faisant appel à des sociétés spécialisées, chargées de la destruction des nids.

Le drone capte le signal radio télémétrique envoyé par les balises fixées sur les frelons. (© Didier Crauser)

Et les apiculteurs dans tout ça ?

En l’état, la méthode reste peu accessible aux apiculteurs en raison de son coût. « La balise a un coût de 60 euros l’unité auprès de certaines entreprises et les pertes par ruchers peuvent atteindre 400 euros. En revanche, le prix d’un drone peut se quantifier en millier d’euros », explique Didier Crauser.

Le spécialiste envisage plusieurs possibilités pour rendre accessible cette méthode de lutte high-tech. « Si la technique marche, l’Inrae pourrait contacter des sociétés privées pour mettre en œuvre des partenariats afin d’envisager des locations ou la construction de drones et de balises ».

Une autre option serait de démarcher les communes et les collectivités locales afin qu’elles s’équipent du matériel nécessaire et le louent ensuite aux apiculteurs. Enfin, « la méthode de lutte pourrait rentrer dans une des enveloppes budgétaires destinées aux apiculteurs », projette Didier Crauser.

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