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« J’ai revu ma stratégie de protection des plantes avec les PNPP »

Sur blé, le recours aux PNPP permet à Bruno Delacour de réduire voire de supprimer insecticides et fongicides.

Depuis 2016, Bruno Delacour s’engage dans l’agriculture de régénération des sols, qui l’a amené vers les préparations naturelles peu préoccupantes.

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En 2016 à Moulin-sous-Touvent dans l’Oise, Bruno Delacour entame une réflexion sur son exploitation après une année aux rendements modestes. « J’ai eu un déclic, se souvient-il. J’avais entendu parler d’une personne qui travaillait en bio sur la régénération du sol. Son approche m’a poussé à chercher plus loin. »

Suivi des besoins

Il remet alors en cause ses pratiques de protection des plantes et cherche une plus grande autonomie vis-à-vis des phytos. C’est ainsi qu’il se tourne vers les préparations naturelles peu préoccupantes (PNPP). « La chimie mettait à mal la vie biologique du sol », expose-t-il.

Bruno se forme, mutualise son expérience avec d’autres agriculteurs et intègre un groupe orienté vers l’agriculture régénérative en cultures industrielles : il exploite 560 ha de blé, betterave, pomme de terre d’industrie, pois de conservation et haricot, dont 120 ont depuis été convertis en bio. Les PNPP sont appliquées sur l’ensemble de la sole bio, et seulement partiellement en conventionnel, par manque de temps.

Bruno suit les besoins des plantes en analysant régulièrement sève et sol, et applique en conséquence des préparations riches en bactéries et ferments. Certaines ont aussi un effet répulsif sur les insectes. « Sur blé, en appliquant au début du cycle des extraits fermentés d’orties et en décalant le semis, j’évite généralement des insecticides d’automne dont j’étais coutumier », explique-t-il.

Les huiles essentielles, elles aussi, font désormais partie de ses pratiques. « Sur betteraves par exemple, j’utilise ail et menthe poivrée. En pommes de terre, la virose est tenace : le recours aux insecticides étant plus fréquent, je m’efforce d’en retarder l’application. »

Stade clé

Les fongicides eux aussi, sont devenus moins nombreux. « Je parviens à en éviter un voire deux sur blé. » Prudence, certaines macérations peuvent favoriser les maladies si le climat est chaud et humide. « Dans ces conditions en pomme de terre, je privilégie des décoctions de prêle qui assèchent les feuilles. Si le mildiou se manifeste, je passe sur du curatif. »

En conventionnel, l’association de PNPP et de produits de synthèse est complexe : pour que les PNPP soient efficaces, compter au moins huit jours entre leur application et un passage chimique, selon l’agriculteur. « On commence à connaître quelques stades d’application clé. Démarrage, tallage, deux nœuds et dernière feuille pour le blé par exemple. En pommes de terre, l’initiation du tubercule est particulièrement sensible », énumère-t-il.

« Selon les cultures, je réalise trois à cinq passages en m’ajustant aux conditions du moment. Ce n’est pas une science exacte, elle dépend de nombreux facteurs. Certaines années, les effets très positifs sont indéniables. »

Depuis 2016, Bruno constate une amélioration flagrante de la vie de ses sols. « Pour voir des résultats, il faut inclure ces produits dans une approche globale afin d’améliorer l’équilibre du sol et des plantes, estime-t-il. Je réapprends mon métier au fil des ans et de ces nouvelles pratiques. C’est passionnant ! »

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