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« Je gère 275 ha de pommes de terre chez d’autres agriculteurs »

Samuel Allix pilote l’irrigation de ses pommes de terre à l’aide de sondes et de stations météo.

En Gironde, Samuel Allix a développé sa production de pommes de terre en contractualisant des surfaces chez ses voisins. Il y assure tout l’itinéraire technique et joue sur plusieurs facteurs pour réduire au maximum son usage d’intrants.

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Samuel Allix cultive près de 280 ha de pommes de terre, dont 20 ha en bio, à Saint-Jean-d’Illac (Gironde) et ses alentours. 5 ha lui appartiennent. Le reste est détenu par 6 agriculteurs, auxquels il paye un forfait fixe. À lui donc, de composer avec l’état du marché, ses coûts de production et son rendement.

« Je me dois de proposer un prix attractif face aux marges qu’ils pourraient dégager avec d’autres productions comme le maïs ou les légumes d’industrie qui se font beaucoup dans la région », explique-t-il. Samuel Allix s’occupe de la quasi-totalité de l’itinéraire technique : sur les parcelles en conventionnel, seule l’irrigation est cogérée avec le propriétaire des terres.

Moins de double culture

C’est cette organisation qui lui a permis de déployer sa production : « J’ai commencé sur l’exploitation familiale la double culture, à savoir l’enchaînement d’une plantation précoce en février, et d’une tardive en août, avec un retour de la pomme de terre tous les trois ans. Mais au début des années 1990, nous avons connu une forte problématique nématodes, retrace-t-il. Nous avons donc proposé à d’autres agriculteurs de se joindre à nous pour diluer les surfaces. Cela correspondait à la réforme de la Pac de 1992, lors de laquelle la culture du maïs a chuté dans la région ».

Depuis, la durée de retour est montée à six ans, dans une logique de gestion des ravageurs et de réduction d’intrants. C’est un objectif qu’il vise sur toutes les parcelles qu’il gère.

De même, la double culture, qui concerne 72 ha en 2025, couvre de moins en moins de surface malgré son intérêt économique. « Il y a un manque à gagner, mais on y trouve des avantages sur l’aspect sanitaire. Cela nous laisse par exemple plus de temps pour maîtriser certaines adventices problématiques avec les faux-semis, ou bien d’intercaler une Cive (1) pour le méthaniseur, liste-t-il. On arrive aussi parfois à éviter un insecticide sur les parcelles précoces, où l’impasse est impossible en double culture si l’on veut éviter une infestation sévère sur la seconde. »

La gestion des tas de déchets, totale depuis cinq ans, apporte également sa contribution pour limiter les foyers de doryphores et de mildiou. Pour ce dernier, Samuel Allix joue aussi sur le choix variétal. « On essaye de privilégier les variétés tolérantes, mais elles n’ont pas toujours les qualités pour le reste de nos critères », nuance-t-il.

L’utilisation du produit de biocontrôle Pygmalion (phosphonate de potassium) a, quant à elle, été généralisée à l’ensemble de la sole en 2025, plutôt en première partie de cycle avant floraison. « C’est moins efficace que les meilleurs produits de synthèse mais autant que la bouillie bordelaise et le sulfate de cuivre, car moins lessivable », estime-t-il. Samuel Allix utilise également l’outil Mileos d’Arvalis, une station météo, et essaye d’isoler ses différentes parcelles d’un minimum de quelques centaines de mètres. « En additionnant ces leviers, les résultats commencent à devenir intéressants. Globalement nous sommes passés de 10 à 8 IFT (2) fongicides en une dizaine d’années. »

Désherbage mécanique

S’agissant des herbicides, ils n’ont été appliqués que sur 20 ha en 2024, et l’objectif zéro en 2025 était, à la fin de juin, en passe d’être tenu.

Samuel Allix réalise en moyenne trois passages de herse étrille et trois de bineuse/buteuse. (©  Raphaëlle Borget/GFA)

« Le désherbage mécanique s’adapte bien au sol sableux qui ressuie très vite. Je compte en moyenne trois passages de herse étrille, et trois de bineuse/buteuse, contre 1 à 2 avec le pulvérisateur. C’est beaucoup plus chronophage, et le poste de désherbage est passé d’environ 120 €/ha avec la chimie, à 200-220 €/ha, calcule-t-il. Mais il y a de toute façon de moins en moins de solutions chimiques efficaces, à l’instar de la métribuzine récemment interdite. C’est une manière d’anticiper leur retrait. D’autant plus que ce surcoût est à remettre en perspective avec le coût de production total. » L’agriculteur possédait déjà une herse et deux bineuses/buteuses dans lesquels il avait progressivement investi avec l’arrivée du bio en 2016.

Ces efforts ne sont pas forcément mieux valorisés économiquement. Mais ils répondent à certains contrats avec la grande distribution qui comprennent un cahier des charges ambitieux sur le volet agroécologique.

(1) Culture intermédiaire à vocation énergétique. (2) Indicateur de fréquence de traitement.

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