Phytos : de plus en plus de contaminations au prosulfocarbe
Dans le Loir-et-Cher, une vingtaine de contaminations au prosulfocarbe ont été recensées en 2024 dans le sarrasin.
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Les agriculteurs qui ont produit du sarrasin, millet, sorgho ou tournesol attendent avec inquiétude les résultats des analyses. Les contaminations au prosulfocarbe se multiplient cette année. En raison des pluies de l’automne, la récolte de sarrasin est intervenue tardivement, en même temps que les semis de céréales et leur désherbage.
Le prosulfocarbe, herbicide de synthèse le plus utilisé en France devant le glyphosate, a la particularité d’être extrêmement volatil. Résultat, dans le Loir-et-Cher, une vingtaine de contaminations ont été recensées en 2024, le double de 2023.
David Peschard, céréalier bio à Séris, attend le résultat de ses analyses. Il y a deux ans, il a dû jeter sa récolte, car son sarrasin présentait des taux de résidus trois fois supérieurs à la limite autorisée. Entre la diminution du chiffre d’affaires, environ 1 000 €/ha, les coûts de production de 300 à 500 €/ha, les frais d’analyse de 200 € et les coûts de destruction, il a perdu plus de 5 700 €. « C’est un énorme gâchis », s’indigne l’agriculteur, aussi coprésident du Groupement des agriculteurs biologiques de Loir-et-Cher (Gablec), qui a alerté le préfet le 12 décembre 2024.
Et de poursuivre : « L’État reste sourd à nos demandes d’indemnisation depuis quatre ans. Il refuse l’interdiction de cette molécule et revient sur la promesse d’une hausse de taxe sur les pesticides pour alimenter une caisse de compensation. Cela montre le peu d’intérêt pour la bio », estime David Peschard. La contamination touche aussi bien les producteurs bio que conventionnels, mais elle est difficile à chiffrer car « beaucoup de pertes ne sont pas déclarées ».
Jusqu’aux centres-villes
Même si les agriculteurs qui l’épandent respectent les recommandations des fabricants (buses antidérive, distance d’un kilomètre des cultures non récoltées), rien ne semble empêcher les contaminations. Lig’air, l’observatoire de la qualité de l’air en Région Centre-Val de Loire, a retrouvé du prosulfocarbe dans les centres-villes d’Orléans et Tours, entre octobre et décembre 2023. La molécule se déplace donc sur plusieurs kilomètres et sur toutes les productions d’automne.
Pour l’Agence nationale de la sécurité sanitaire (Anses), « les niveaux de concentration mesurés dans les denrées ou l’air ne dépassent pas les seuils de risque pour le consommateur ». Néanmoins, le céréalier s’interroge et note que les légumes et fruits d’automne (pommes, poires, vigne…) sont concernés.
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