La nouvelle stratégie Ecophyto divise
Alors que les ministères de l’Agriculture et de l’Environnement ont enfin dévoilé le lundi 6 mai 2024 la nouvelle stratégie Ecophyto 2030, organisations professionnelles et associations ont fait part de leur analyse.
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Dans un communiqué datant du 7 mai 2024, l’AGPB, Association générale des producteurs de blé et autres céréales, a réagi à la publication la veille de la nouvelle stratégie Ecophyto 2030.
Elle observe entre autres que « les nouvelles orientations de cette stratégie comportent des premières mesures concrètes pour les céréaliers français ».
« Des avancées louables »
« Les pouvoirs publics intègrent donc pour la première fois dans le plan, la logique “pas d’interdiction sans solution”. L’autre mesure de bon sens, portée de longue date par l’AGPB, figure désormais dans le texte : ne pas concentrer les indicateurs sur les volumes des produits mais sur leur nocivité », estiment les producteurs.
L’AGPB salue également l’abandon de la création de nouveaux zonages ainsi que le renoncement à la plateforme Phytosignal, « vécue sur le terrain comme un véritable outil de délation et de stigmatisation des agriculteurs ».
Mais si ces mesures répondent en partie aux revendications majeures proposées et défendues par l’AGPB, la compétitivité des céréaliers reste selon elle la grande absente de cette nouvelle équation.
« Démarche cohérente »
De son côté, Phyteis (1) salue une démarche « cohérente» qui se concentre « sur la réduction des risques plutôt que sur la seule diminution des quantités de matières actives utilisées ». Elle appelle toutefois à « aligner les objectifs de réduction des risques et des usages aux besoins alimentaires auxquels la production agricole doit répondre ».
Son président, Yves Picquet, appelle en revanche à ne pas se tromper de débat : « Il ne s’agit pas de parvenir à une agriculture sans phytopharmacie — ce qui ne serait pas sans conséquences sur les plans agricole, alimentaire, sanitaire et technique — mais à une agriculture plus durable. » C’est le sens de l’approche combinatoire promue par Phyteis qui repose sur : l’agronomie digitale, la bioprotection, les biotechnologies et la phytopharmacie, « utilisée de façon ciblée lorsqu’aucune alternative efficace n’est disponible ».
« Régression de 15 ans »
Dès la présentation de la stratégie le vendredi 3 mai 2024, Générations Futures constatait pour sa part de « nombreux reculs ». Selon l’association, le gouvernement assène un nouveau slogan « pas d’interdiction sans solution » qui cache « une volonté de maintenir à tout prix des produits dangereux sur le marché encore quelques années de plus grâce notamment à des dérogations, sous la pression d’organisations de producteurs. »
Elle ajoute que par cette assertion « le gouvernement méconnaît le fait encore réaffirmé très récemment dans un jugement de la Cour de justice de l’UE » (25 avril dernier) : « Lors de la délivrance des autorisations de mise sur le marché de produits phytopharmaceutiques, l’objectif de protection de la santé humaine et animale ainsi que de l’environnement “devrait primer” l’objectif d’amélioration de la production végétale. »
« La France a longtemps été considérée à l’avant-garde des pays portant une ambition de réduction des pesticides. Avec cette nouvelle stratégie, elle rejoint les pays qui mettent tout en œuvre pour que rien ne change, faisant régresser notre pays de 15 ans ! », a conclu François Veillerette, porte-parole de Générations Futures.
L’État condamné pour effondrement de la biodiversité (29/06/2023)
« Le plan Ecophyto 2030 ne limitera pas suffisamment l’impact des pesticides sur la biodiversité », ajoutent par ailleurs les associations de Justice pour le vivant (Pollinis, Notre affaire à tous, Aspas et Biodiversité sous nos pieds) dans un communiqué du 6 mai 2024.
« Une décision à rebours »
Le même jour, la députée Écologiste de la Drôme Marie Pochon a jugé le nouveau plan Ecophyto irresponsable. « Le gouvernement opère un revirement en changement d’indicateur, passant de l’actuel Nodu (nombre de doses unités) au HRI1 (Harmonised risk indicator for pesticides) », soutient cette dernière.
« Sous couvert de vouloir s’attaquer aux substances les plus nocives, le Gouvernement fait le choix de contourner l’avis du conseil scientifique et technique d’Ecophyto, qui préconisait l’inverse et qualifiait les valeurs de pondération du nouvel indicateur d’“arbitraires et étayées par aucun résultat scientifique”. Plutôt que de vraiment réduire les pesticides, et faute d’atteindre les objectifs Ecophyto, il préfère changer d’indicateur, et faire baisser les chiffres artificiellement. Cette décision va à rebours de tout ce qu’il nous faut faire », clame cette dernière.
(1) organisation professionnelle qui fédère 18 entreprises mettant sur le marché des solutions de protection des cultures à usage agricole.
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