Adopter les bonnes pratiques quand une résistance s’installe
Face à l’érosion des solutions chimiques, il est essentiel de préserver celles encore à disposition. En cas de résistance, les préconisations varient selon le type de ravageurs.
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Contre les insectes, l’enjeu est de maintenir des réservoirs d’insectes sensibles et de diluer les homozygotes résistants, en aménageant des zones refuges. Les techniques alternatives (biocontrôle…) doivent être mobilisées, et les auxiliaires naturels favorisés. Le respect des seuils de nuisibilité est indispensable avant de procéder au traitement.
Concernant les champignons, les pratiques culturales et en particulier les variétés résistantes constituent des leviers efficaces. La chimie doit intervenir en dernier recours. Il est recommandé de diversifier les matières actives, et de ne pas appliquer des mélanges « cosmétiques », c’est-à-dire de substances aux modes d’action identiques, ou des molécules pour lesquelles il y a déjà des résistances.
Le désherbage doit, quant à lui, être diversifié, le choix des cultures et des techniques de lutte réfléchi en fonction de la situation des adventices sur la parcelle. La chimie est à garder « en curatif ». Pour préserver l’efficacité des herbicides, « il faut frapper fort, respecter les doses efficaces et le stade des adventices », rappelle Christophe Délye, de l’Inrae.
En cas de résistance avérée d’une adventice, les recommandations de gestion sont les mêmes, mais avec moins d’options chimiques efficaces. Christophe Délye conseille de gérer en priorité l’espèce présentant une résistance, et d’arrêter d’utiliser les modes d’action concernés le plus tôt possible. « Si la molécule concernée reste efficace sur une partie de la flore, on peut continuer à l’employer, mais il faut s’assurer qu’on contrôle totalement les espèces présentant une résistance par d’autres moyens. Elles ne doivent absolument pas grainer. »
L’agronomie en priorité
Les graminées, en particulier ray-grass et vulpin, font partie des adventices les plus problématiques. Aurélien Dubos, de la chambre d’agriculture de la Normandie, distingue deux stratégies de gestion : les faire lever le plus rapidement possible puis les détruire mécaniquement, ou miser sur l’évitement, en faisant en sorte qu’elles lèvent le moins possible. Il identifie des leviers mobilisables sur trois échelles de temps : sur le long terme (rotation, alternance culture automne et printemps, nettoyage du matériel de récolte), en interculture (déchaumage, faux semis, labour, couvert) ou en culture (désherbage mécanique, variété à pouvoir couvrant, écimage, chimie).
Chaque levier à ses limites. Il n’est par exemple pas toujours possible de décaler la date de semis. « C’est la notion d’opportunisme et de bon créneau, insiste Aurélien Dubos. Que l’on soit en non-labour ou pas, il ne faut pas rester dans un dogme. La charrue a été le premier herbicide, mais ça ne veut pas dire qu’il faut labourer tous les ans. »
Quand la parcelle est envahie de graminées résistantes, la situation est « très compliquée », déplore le conseiller. « Le levier le plus puissant serait d’implanter une culture pérenne, de type luzerne ou prairie temporaire, mais sa valorisation est souvent difficile. » Et de conclure : « Il faut maintenir son capital propreté à tout prix. Il n’y a plus de plan B en chimie qui remédierait au problème. »
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