Commission d’enquête phyto : lumière sur les marges des fabricants
La Commission d’enquête phyto appelle à lever le voile sur les marges des entreprises qui commercialisent intrants et machines. Elle les soupçonne notamment de ne pas payer d’impôts à la hauteur de leurs « marges indécentes ».
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Il serait « utile » de faire la lumière sur les marges des entreprises qui vendent des produits phytosanitaires aux agriculteurs, selon la Commission d’enquête parlementaire. Après la présentation le 14 décembre 2023 par Dominique Potier, le rapporteur, des grandes lignes du rapport, celui-ci a été intégralement publié le 21 décembre.
Parmi les vingt-six recommandations qui sont formulées, la Commission préconise de lever le voile sur « l’angle mort » des coûts de production des fournisseurs des agriculteurs : fabricants de machines, d’engrais et de pesticides.
2,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires
« Tout laisse à penser que, par différents biais, ce secteur n’est pas exempt de marges indécentes et de profits d’opportunité », est-il souligné. Le rapporteur Dominique Potier indique s’être rendu en novembre au ministère de l’Économie pour jauger la contribution à la fiscalité nationale des producteurs de produits phytosanitaires — dont les géants Syngenta, Bayer, Corteva et BASF.
« Les contrôles […] m’ont laissé pantois : payer 110 millions d’euros d’impôt sur les sociétés pour 2,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires suppose, soit une très faible rentabilité, soit un transfert de coûts massif (une pratique visant à réduire la base imposable, NDLR). Je vous laisse imaginer l’hypothèse qui est la mienne », a-t-il déclaré aux autres membres de la commission, selon un compte-rendu annexé au rapport.
Crédit d’impôt à la recherche
« En outre, la moitié de ces impôts est récupérée (par les entreprises) sous forme de crédit d’impôt à la recherche (CIR) dont l’usage n’est pas orienté — on ignore s’il va être consacré à des molécules douteuses ou vraiment intéressantes d’un point de vue technoscientifique », a ajouté le député de la Meurthe-et-Moselle. « On peut tout de même s’interroger sur les marges bénéficiaires et la fiscalité des grands groupes qui réalisent 90 % du commerce de la phytopharmacie dans notre pays, quand on voit qu’ils ne paient en définitive qu’un peu moins de 60 millions d’euros d’impôt sur les sociétés », a-t-il insisté.
Sollicitée par l’AFP, l’organisation française représentant les fabricants de pesticides, Phyteis, a indiqué ne pas pouvoir commenter des informations en lien avec « la pratique commerciale ou la situation fiscale de ses adhérents, et ce, conformément aux règles relatives à la concurrence ».
La commission d’enquête, à l’initiative du groupe socialistes et apparentés, avait débuté ses travaux en juillet. Le rapport a été adopté le 14 décembre par dix voix pour, quatre abstentions (LFI, Renaissance) et quatre contre (RN).
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