Innovation agricole « La priorité, c’est la transition vers le bio »
Dans son projet d’avis sur l’innovation en agriculture, le Cese met l’accent sur la nécessité de ne plus utiliser d’intrants chimiques et d’associer tous les citoyens aux orientations de la recherche agronomique. Tous les amendements proposés par FNE, France nature environnement, ont été retenus.
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Avant de décliner les différentes préconisations de l’avis sur l’innovation agricole, présenté ce 8 janvier 2019 par le Cese, Conseil économique social et environnemental, les deux rapporteuses des travaux, Betty Hervé et Anne-Claire Vidal, ont insisté sur la recommandation globale qui a servi de fil rouge aux travaux : « L’innovation agricole doit permettre une transition vers l’agriculture biologique », avant d’ajouter « ou l’agroécologie ».
Devant le ministre de l’Agriculture, les deux rapporteuses ont rappelé la nécessité de remettre l’agronomie au centre de l’innovation agricole, « elle qui a longtemps été ignorée au profit de méthodes clé en main combinant machinisme et produits chimiques de synthèse, qui ont mené l’agriculture dans l’impasse ».
Les consommateurs, juges de l’intérêt d’une innovation
Sans surprise, la préconisation numéro un de l’avis, baptisée « Relever les défis prioritaires grâce à l’innovation », affirme que l’innovation agricole doit permettre aux agriculteurs de ne plus utiliser d’intrants chimiques.
La seconde préconisation est plus inattendue puisqu’elle recommande d’associer toutes les parties prenantes à la définition des finalités de la recherche. « Les décisions concernant les orientations des recherches publiques doivent être prises en concertation avec toutes les parties prenantes et pas seulement les chercheurs et les agriculteurs », insiste Anne-Claire Vidal.
« Les citoyens et la société civile, qui subissent l’impact des innovations agricoles non seulement dans leur alimentation mais aussi dans leur environnement doivent être associés à la recherche. Il ne s’agit pas de tenir la main des chercheurs mais de garantir l’intérêt général et la diversité des approches. » D’où la troisième préconisation : « Permettre à la société de se prononcer en connaissance de cause sur l’acceptabilité des innovations de la recherche agronomique. »
Orienter la formation
Les autres préconisations sont plus consensuelles et concernent notamment la question de la propriété des données agricoles ou encore la prise en compte de la vulnérabilité des agriculteurs en cas de panne des engins sophistiqués comme le robot de traite ou les tracteurs guidés par GPS.
Le Cese propose aussi de mieux intégrer les innovations récentes aux formations agricoles, et notamment l’agroécologie et la conversion à l’agriculture biologique. Le bien-être animal n’est évoqué qu’en filigrane.
L’influence de FNE
Première intervenante après la présentation de l’avis, Cécile Claveirole s’est exprimée au nom du groupe des personnalités qualifiées siégeant au Cese. Mais il s’agit surtout d’une administratrice de France Nature Environnement. Elle a remercié les rapporteuses d’avoir retenu l’ensemble de ses amendements, mais a regretté que le texte n’aille pas encore plus loin sur l’arrêt des phytos et des fertilisants de synthèse.
Une intervention qui a nettement tranché avec celle de Marie-Thèrèse Bonneau, présidente du groupe Agriculture du Cese et première vice-présidente de la FNPL. L’agricultrice a rappelé que les débats au sein du groupe ont été tendus et que certaines voix ont clairement pris le dessus, allant jusqu’à modifier le texte jusqu’au dernier moment. Elle s’inquiète de la volonté d’associer à tout prix les consommateurs à la recherche car « nos concitoyens ont tendance à vouloir privilégier les techniques du passé alors qu’il faut laisser du temps à la recherche pour trouver des alternatives aux produits interdits ».
Un avis partagé par Marie-Hélène Dubrule, représentante du groupe Entreprises : « Toute innovation ne doit pas être vue comme a priori suspecte et donc à rejeter. C’est le risque en associant des consommateurs non-spécialistes à ces réflexions. » L’avis a toutefois été adopté à la majorité.
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