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Phytos : le conseilc’est pas bidon Phytos : le conseilc’est pas bidon

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Il va falloir s’y faire : le technico-commercial (TC) de votre coopérative ou de votre négoce n’a plus le droit, depuis début 2021, de vous préconiser tel produit phyto pour traiter votre parcelle si l’entreprise qui l’emploie a opté pour la vente de pesticides et non pour le conseil. S’il vend des bidons, plus de conseil possible ! C’est ce qu’on appelle la séparation de la vente et du conseil, promesse du candidat Macron en 2017 et mise en œuvre dans le cadre de la loi Egalim. Un dossier qui a donné lieu à moult débats. Objectif affiché : éviter que le TC n’incite à la consommation (plus de « conflit d’intérêts ») et contribuer ainsi à faire baisser la vente de produits phytosanitaires. Bref, il va falloir changer ses habitudes tant du côté agriculteur que de celui des distributeurs pour qui il s’agit d’un vrai chambardement.

Coop et négoces ont d’ailleurs massivement opté pour la vente. Donc, pour trouver le conseil à la parcelle, il va falloir aller voir ailleurs. Un sondage publié en mars par notre confrère Agrodistribution montre que près des deux tiers des agriculteurs seraient prêts à recourir au service d’un distributeur agréé conseil, une chambre d’agriculture ou un conseiller indépendant. Seuls 13 % pensent se débrouiller seuls. L’agriculteur sera davantage responsable de ses choix, sachant que sans conseil, il pourrait être tenté de se sécuriser sur la dose. Ce qui n’est pas l’objectif de la réforme. Mais le conseil a un coût qui jusque-là était compris dans le prix des phytos. Et pas sûr que le prix des produits baisse pour autant. Au conseiller de démontrer alors la valeur ajoutée qu’il apporte. Mais au-delà de ce conseil spécifique à l’utilisation des produits qui est facultatif, un conseil stratégique phytosanitaire fondé sur un diagnostic d’exploitation sera lui obligatoire (voir dossier p. 46). Lors du renouvellement du Certiphyto, l’exploitant devra ainsi s’être fait délivrer deux conseils stratégiques par période de cinq ans. En plus de la contrainte que cela représente, ce CSP payant sera une charge de plus pour l’exploitation.

Soyons cependant lucides : on n’est pas passé du tout au tout du jour au lendemain, sachant que le détail des textes n’est sorti qu’en octobre 2020. De plus, les techniciens ont l’obligation d’apporter certaines informations. La frontière entre préconisation à la parcelle et information produit reste, donc, étroite. De là à ce que votre TC habituel ait pu vous faire une préconisation… verbale. Néanmoins, les TC ont été formés à leur nouveau rôle sans conseil spécifique. Et si c’est encore flou sur le terrain, les choses vont évoluer. De nouvelles offres de conseil vont voir le jour et de nouveaux intervenants apparaître. Certains proposent déjà une gamme complète de prestations et de services. À l’agriculteur alors de faire son choix et de savoir ce qu’il est prêt à payer en évaluant au mieux la sécurisation et le gain potentiel que cela pourrait lui apporter.

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