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Union européenne Les ministres européens opposés au plan de réduction des pesticides

Les ministres européens de l’Agriculture ont vivement critiqué le plan présenté par Bruxelles pour réduire l’usage des pesticides dans l’Union européenne s’alarmant du sort des cultivateurs laissés « sans alternative » et d’une possible chute des rendements.

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La Commission européenne avait détaillé le 22 juin 2022 sa feuille de route pour réduire de moitié d’ici à 2030, comparativement à la période de 2015 à 2017, l’utilisation et les risques à l’échelle de l’Union européenne des pesticides chimique ou dangereux.

 

Le plan prévoit une interdiction quasi complète dans les « zones sensibles », comme les espaces verts urbains ou les aires naturelles protégées.

Le manque de données interroge

Réunis à Bruxelles le lundi 18 juillet 2022, les ministres des Vingt-Sept ont multiplié leurs critiques sur cette proposition de la stratégie d’alimentation verte « De la ferme à la fourchette ».

 

« Beaucoup d’États s’opposent à une réduction drastique imposée si cela est fait sans données scientifiques solides, sans étude d’impact centrée sur la sécurité alimentaire », a tonné le secrétaire d’État polonais Ryszard Bartosik.

 

« Cela pourrait porter atteinte à notre sécurité alimentaire et à la compétitivité de notre agriculture, nous rendant encore plus dépendants des importations », une perspective « inquiétante » alors que la guerre en Ukraine attise les risques de pénuries, a-t-il fait valoir.

La méthodologie interroge

Une majorité des ministres s’interroge sur la méthodologie pour fixer les objectifs de réduction imposés à chaque État, alors que les pays membres de l’UE ont des modèles agricoles et des conditions climatiques très variés.

 

Surtout, « il ne faut pas punir les pays qui ont déjà travaillé dur : nous sommes depuis longtemps à un niveau très bas de pesticides, il faut tenir compte du point de départ des États », a plaidé le ministre finlandais Antti Kurvinen, rappelant que 75 % des pesticides sont utilisés pour la sylviculture et sont « à très faible risque ».

 

« L’interdiction quasi totale des produits phytosanitaires dans les zones “sensibles” n’est pas réaliste ! Une multitude d’organismes nuisibles s’y développeraient : c’est déjà le cas », s’est insurgé le ministre espagnol Luis Planas Puchades.

La France réclame des mesures miroirs

« Les agriculteurs ne doivent pas être laissés sans solution », a attaqué de son côté son homologue français Marc Fesneau. Il a exigé le développement d’alternatives « sérieuses, opérationnelles […] économiquement viables », regrettant l’absence de proposition concrète sur « les solutions de biocontrôle ».

 

Paris réclame également des instruments financiers supplémentaires pour aider les agriculteurs, et des « mesures miroirs » interdisant l’importation dans l’UE d’articles agricoles dont la production ne respecterait pas les normes européennes sur les pesticides.

 

« Nous devons minimiser les charges administratives, qui doivent rester proportionnées », a relevé l’Irlandais Charlie McConalogue.

 

Berlin, de son côté, a demandé des clarifications sur les critères des zones « sensibles » concernées et le montant des aides financières prévues, tout en réitérant néanmoins un soutien d’ensemble à la proposition de la Commission.

 

« La crise climatique, celle de la biodiversité continuent, on ne peut les négliger », a insisté le ministre allemand Cem Özdemir, partisan d’»une protection plus durable des plantes et des cultures ».

 

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