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Phytos dans les sols : le pouvoirépurate Phytos dans les sols : le pouvoirépurateur des micro-organismes

Le pilotage de la biodégradation des produits phytos pourrait être, à l’avenir, un levier pour réduire l’impact environnemental de certaines substances.

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«La biodégradation microbienne des pesticides est une fonction clé des sols agricoles », déclare Olivier Crouzet, chercheur à l’Inra (1). En effet, le pouvoir épurateur des micro-organismes repose principalement sur leur capacitéà minéraliser les phytos. Pour mieux comprendre les processus en jeu, la recherche s’est penchée sur l’évaluation des effets des pratiques agricoles sur le potentiel de dégradation par les sols.

Il apparaît que l’historique de traitement d’une parcelle (fréquence et quantité) a un impact sur ce critère. « L’application répétée de certaines de ces substances crée une pression de sélection sur la population microbienne. Celle-ci s’y adapte et favorise la dégradation de ces mêmes molécules », explique Olivier Crouzet. Si le glyphosate n’est pas concerné par ce phénomène, c’est le cas du 2,4-D et de l’isoproturon, par exemple.

Pour ces deux herbicides, il a par ailleurs été montré que la capacité de biodégradation des sols est plus importante en agriculture conventionnelle que sur des sols bio ou en zéro pesticides. Un constat qui s’inverse pour d’autres molécules, notamment l’époxiconazole (fongicide). Selon le chercheur, cela pourrait s’expliquer par un impact négatif de cette substance sur la biomasse fongique qui participe à sa minéralisation.

« L’adaptation microbienne aux pratiques culturales est un phénomène qui existe, mais cela ne veut pas dire que les micro-organismes vont nous sauver », tempère Olivier Crouzet. Ce phénomène présente cependant un intérêt environnemental certain, en participant à la réduction du transfert des produits phyto dans les eaux.

Des coformulants pas comme les autres

Des perspectives d’application sont déjà à l’étude, avec le développement de formules associant une molécule d’intérêt aux bactéries qui la dégradent. Des travaux récents ont montré qu’avec ce type de combinaison, il est possible d’obtenir une réduction par trois de la persistance du 2,4-D dans le sol, sans perte de son effet herbicide, donc une réduction de son impact environnemental. « Ces travaux sont actuellement au stade laboratoire, et se font en collaboration avec les industries », indique le chercheur.

Autre piste, à l’échelle du territoire, celle du développement de zones tampons, notamment en cas de fort risque de ruissellement. « Les bandes enherbées en bas de pente acquièrent des capacités intéressantes, par transfert des phytos, mais également par le transport des micro-organismes par l’eau », indique Olivier Crouzet.

Hélène Parisot

(1) Institut national de la recherche agronomique.

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