Matériel de traite « Je stocke l’énergie avec mon tank à eau glacée »
Le Gaec Colas-Lamy est équipé d’un tank à eau glacée. Les besoins électriques sont lissés et un système intelligent optimise la consommation d’électricité produite sur place par les panneaux photovoltaïques.
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Au Gaec Colas-Lamy, à Livré-la-Touche (Mayenne), voilà plus de 11 ans que l’exploitation laitière est équipée d’une technologie de tank à eau glacée pour refroidir le lait. « Cela n’a rien de révolutionnaire, rappelle Hervé. Quand j’étais jeune, la ferme familiale avait déjà un tank qui fonctionnait suivant ce principe. »
En deux phases
Cette technologie, exploitée par Fullwood Packo, remonte aux années 1960. Contrairement à un système de refroidissement à détente directe qui refroidit le lait au fur et à mesure, cette technologie repose sur un fonctionnement en deux phases distinctes : la production de froid, stocké dans une « banque de glace », puis le refroidissement du tank par aspersion de l’eau à 0,1°C dans l’espace intercalaire de la double paroi du tank.
« Le premier que l’on a acheté, en 2008, contenait 7 000 litres. La glace était alors stockée sous la citerne, donnant à sa base une forme carrée. Celui que nous avons depuis 2017 a une capacité de 10 500 litres. Il a une forme “normale”, la banque de glace est située dans un autre module, dans la pièce d’à côté. »
Diminuer l’ampérage de l’installation
Ce qui a motivé Hervé Colas et sa femme Florence à faire ce choix est d’effectuer des économies sur leur facture d’électricité. « L’intérêt de décaler dans le temps la consommation du tank est double : tout d’abord, cela nous a permis d’optimiser le système d’heures creuses. L’autre aspect important est la réduction de la puissance maximale de notre réseau électrique. »
Les tanks à détente directe ont en effet une demande d’énergie importante pendant et après la traite, ce qui correspond aux heures de pointe du réseau… et de la ferme ! « Nous produisons 1,2 million de litres de lait, avec 130 vaches laitières. Pourtant notre abonnement à EDF est relié à un compteur d’une puissance de 24 kVA, c’est très faible pour cette taille d’exploitation, et cela allège la facture. Nos consommations électriques sont successives plutôt que de tomber toutes au même moment. »
Piloter intelligemment l’autoconsommation
En 2017, un changement a lieu sur l’installation : le raccordement du premier boîtier Enerfox relié à un tank à eau glacée et à une installation photovoltaïque, d’une puissance de 17 kWc. Ce dispositif prend en compte les prévisions météo et des objectifs donnés pour ajuster la répartition de la consommation entre les heures creuses et les heures de production par les panneaux solaires.
« Je fixe par exemple un objectif de 80 % de la capacité de glace du tank qui doit être atteint avant 17 heures. Cette capacité varie selon la quantité de lait déjà présente dans le tank qui en modifie l’inertie. Si les prévisions météo annoncent un ensoleillement suffisant pour que le seuil soit atteint dans les temps, il n’activera pas le tank pendant les heures creuses. »
Les écarts entre les prévisions et la météo réelle sont mesurés et analysés chaque jour, ainsi que les différents postes de dépenses énergétiques et leurs heures de fonctionnement. Une intelligence artificielle adapte quotidiennement ce pilotage pour favoriser le plus possible l’autoconsommation et les heures creuses, dans un souci d’économies maximales pour l’agriculteur.
Un investissement rentable
Le tank à eau glacée nécessite néanmoins d’investir au départ. « Nous étions chez Lactalis à l’époque, ce tank coûte un peu plus cher et ils refusaient donc de nous en mettre un à disposition pour la location. Il a donc fallu l’acheter nous-mêmes. Ils n’ont pas trop aimé, mais ils n’avaient pas le droit de nous empêcher d’être propriétaire de notre équipement. »
Ces tanks sont très peu présents sur le marché français et ils vieillissent bien. Ce qui permet des plus-values intéressantes à la revente. « Nous avions acheté le tank de 7 000 litres pour 19 000 €. Après un amortissement sur 9 ans, nous l’avons revendu 13 000 € », souligne Hervé. En plus du tank, le pilotage d’électricité assure une rentabilité accélérée des panneaux photovoltaïques.
« Depuis 2017, seulement 6 % de l’électricité produite par ces panneaux est retournée au réseau. Avant le pilotage intelligent, ce chiffre atteignait 32,5 %. Au vu des évolutions du prix de l’électricité, c’est très intéressant pour nous. »
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