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Que deviendrait l’Europe sans la Pac ?

Dans leur rapport, les experts du JRC se projettent dans trois scénarios agro-économiques différents d'ici à 2040.

Dans une étude prospective, le centre commun de recherche (JRC) de la Commission européenne imagine trois scénarios pour le futur de la politique agricole commune (Pac) d’ici à 2040. L’un d’entre eux se projette dans une Europe sans Pac.

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Les revenus agricoles en chute de 11 %, jusqu’à 21 % de baisse pour les exploitations les plus petites, une diminution de la production alimentaire globale de l’Union européenne de 5 %, une augmentation conséquente du prix des denrées alimentaires affectant de manière disproportionnée les ménages les plus vulnérables, et environ 250 000 emplois menacés dans le secteur agroalimentaire. Telles seraient, entre autres, les conséquences d’une disparition de la politique agricole commune dans l’Union européenne d’ici à 2040, selon une analyse prospective réalisée par le centre commun de recherche (JRC) de la Commission européenne et publiée le 27 octobre 2025.

Par ailleurs, l’étude souligne « le risque d’une augmentation nette des émissions agricoles, à mesure que la production se déplace vers des régions moins efficaces en carbone en dehors de l’Union européenne ».

Baptisée « Scenar 2040 », l’étude commandée par la direction générale de l’Agriculture de la Commission européenne se fonde sur les perspectives agricoles pour 2023 dans l’Union européenne ainsi que sur les plans stratégiques nationaux actuels des États membres pour envisager trois scénarios d’ici à 15 ans. L’hypothèse d’une disparition de la Pac, bien qu’elle soit radicale et contraire aux traités fondateurs de l’Union, est une manière pour le JRC de « souligner son rôle essentiel en tant que force stabilisatrice, soutenant la résilience économique, la cohésion sociale et l’équilibre environnemental dans les exploitations agricoles ».

Le scénario écologique

Hormis la suppression de la Pac, les auteurs se sont intéressés aux effets potentiels de deux autres orientations afin de « contribuer aux discussions politiques sur l’avenir de ce cadre commun en fournissant des éclairages quantitatifs ».

La première imagine une politique agricole axée sur la préservation de l’environnement, ce qui induirait moins de pression sur ce dernier, mais une nécessaire augmentation des surfaces exploitées et de la quantité de bétail pour pallier la perte de productivité du secteur. En outre, un tel scénario favoriserait la réduction des émissions de gaz à effets de serre en Europe, mais engendrerait par là même une fuite de ces émissions à l’étranger vers des pays moins-disants, « augmentant par conséquent les émissions mondiales », pointe le rapport.

Vue d'ensemble des principaux impacts des scénarios au niveau de l'UE (variations en % par rapport au scénario de référence d'ici à 2040). En rouge, le scénario sans Pac, en jaune, celui dit productiviste, en vert, celui dit écologique. (©  Capture d'écran de l'étude du JRC)

Le scénario productiviste

À l’inverse, le deuxième scénario table sur un soutien renforcé aux actions de la Pac portant sur la productivité et la compétitivité du secteur agricole. Selon le JRC, s’engager dans cette direction « améliorerait l’efficacité des ressources, augmenterait la production et les performances économiques, et limiterait l’expansion des troupeaux et des terres ». Et du point de vue environnemental, les auteurs estiment que cette option serait la plus efficace pour « réduire les émissions mondiales totales, car les producteurs de l’Union européenne à faibles émissions pourraient supplanter les concurrents moins durables à l’étranger ».

Une approche « équilibrée et nuancée »

Le centre de recherche précise qu’il « ne préconise pas une orientation plutôt qu’une autre », mais appelle les décideurs « à une approche intelligente, équilibrée et nuancée de la conception des politiques, capable de concilier viabilité économique, sécurité alimentaire et protection de l’environnement ».

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