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Un atelier d'engraissement des chevreaux en complément du Picodon

Grâce à la valorisation de leur production laitière en Picodon AOP fermier, Nicolas et sa compagne Claudine ont pu s’associer sur une petite exploitation de 16 ha, et même embaucher un salarié lors des années fastes.

Loin de se laisser abattre par une baisse inexpliquée de leur production, Nicolas et Claudine Revol, producteurs de Picodon fermier en Ardèche, engraissent désormais leurs chevreaux à la ferme.

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Ni le parasitisme ni la fièvre catarrhale ovine (FCO) ne peuvent expliquer la baisse de production laitière subie par les éleveurs depuis plus d’un an. « Peut-être le climat ? », avance Nicolas Revol, agriculteur en Gaec avec sa compagne Claudine, à Boffres en Ardèche. La qualité des fourrages pourrait en effet avoir pâti de l’humidité ambiante. Les 200 litres de lait produits par jour au pic de production en 2022 semblent déjà loin. En décembre dernier, ils ont peiné à atteindre les 120 l/j, pour 45 chèvres. « Et encore, ça n’a duré que deux jours avant de s’écrouler à moins de 80 l/j », soupire l’agriculteur. En attendant des jours meilleurs, Nicolas et Claudine ont dû se séparer de leur salarié.

Deux reproductions plutôt qu’une

Les éleveurs transforment tout leur lait en fromages lactiques, dont 80 % de Picodon, un fromage qui se valorise bien selon Nicolas, également président du syndicat du Picodon. Ses parents se sont installés sur la ferme en 1983, année de l’obtention de l’appellation d’origine contrôlée (AOC). L’appellation d’origine protégée (AOP) a suivi en 1996.

En 2020, Nicolas a repris l’activité telle quelle. Il faut dire que ses parents étaient des précurseurs, avec l’installation d’un séchage en grange dès les années 1990, et le choix du dessaisonnement lumineux du troupeau pour décaler la production en hiver. « À l’époque, il y avait deux fois plus de producteurs de Picodon, il fallait se faire une place sur le marché ! », se souvient-il. Grâce à un lot de chèvres en lactation longue, il produit tout de même du lait toute l’année. Il peut ainsi continuer de fournir ses clients en vente directe l’été, pendant la période de tarissement des chèvres désaisonnées.

Avant d’être commercialisé, le Picodon nécessite au minimum huit jours d’affinage. (©  Clémentine Vignon)

En 2024, Nicolas a décidé de changer son système en saisonnant une petite moitié de son troupeau. Pour la première fois cette année, il aura des naissances au printemps en plus de celles d’automne — et pourra fournir plus de clients l’été. S’il a fait ce choix, c’est surtout pour pouvoir engraisser la totalité des naissances à la ferme et créer un atelier chevreaux lourds (10 kg de carcasse au minimum).

Valoriser les chevreaux

« Ce nouvel atelier va m’apporter un petit bénéfice supplémentaire, même s’il est minime par rapport à la transformation », estime Nicolas. L’éleveur avait surtout peur de ne plus savoir que faire de ses chevreaux, alors que son engraisseur approche de la retraite, sans repreneur potentiel. Les sacrifier était inenvisageable.

L’engraissement dure 70 jours, pour un coût de production d’environ 100 € par chevreau. Avec un prix de vente à 17 €/kg, il obtient ainsi 170 € par tête. « La marge de 70 € n’est pas ridicule », consent l’agriculteur, surtout au regard des cinq euros symboliques qu’il obtenait de l’engraisseur. L’atelier chevreau lui permettra entre autres de rembourser la louve qu’il a acquise pour remplacer les seaux à tétines, un gain de temps non négligeable pour l’élevage de ses chevrettes.

Aujourd’hui tout son système est pensé pour renforcer son autonomie et limiter le gaspillage. En 2024, Nicolas a semé de la luzerne afin d’être complètement autonome en fourrage. Riche en minéraux et vitamines, le petit-lait issu de la fromagerie est, quant à lui, redonné aux chèvres. L’éleveur aimerait aussi valoriser les refus des chèvres, pourquoi pas en adoptant quelques vaches angus. En attendant, une remontée de la production en 2025 ne serait quant à elle pas de refus !

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