Une reconversion plus difficile qu’imaginée
Ancien fleuriste en Haute-Saône, Gaël Jacquey a opéré un changement de vie en reprenant à 43 ans une exploitation herbagère de la Nièvre, avec un troupeau de moutons.
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Lassé des pesticides très présents sur les fleurs, Gaël Jacquey aspirait à une autre vie. « Depuis toujours, je rêvais de vivre et de travailler un maximum à l’extérieur », souligne le hors-cadre familial. En 2017, au cours de la préparation du certificat de spécialisation « conduite d’un élevage ovin », Gaël a visité de nombreuses exploitations. À l’issue de cette formation très pratique, suivie durant dix mois à Mirecourt, dans les Vosges, il savait précisément ce qu’il voulait : « Une exploitation avec un parcellaire groupé pour mettre en place un pâturage tournant dynamique, valoriser au mieux la pousse de l’herbe et produire en bio. »
Gros travail de remise en état
Par l’intermédiaire du répertoire départemental à l’installation de la Nièvre, Gaël Jacquey a trouvé une ancienne ferme bovine d’une cinquantaine d’hectares, non exploitée depuis des années. Avec le capital issu de la vente de ses deux magasins et un prêt, il a acheté le foncier, la maison et la stabulation libre qu’il a réaménagée pour les moutons. Un gros travail de remise en état, de réorganisation et de clôture du parcellaire a été engagé dès l’installation le 20 avril 2018.
La surface a été découpée en 43 parcelles de 1,25 ha en moyenne et soigneusement clôturée. Des points d’eau ont été aménagés partout. Pour assurer de l’ombre aux brebis, 900 arbres et 790 mètres linéaires de haies ont été plantés dès 2019 et replantés à cause du sec. Des tilleuls, des ormes, des érables, des noyers, des cerisiers et des néfliers ont été implantés tous les 5 m pour faire des têtards et fournir plus tard de la nourriture aux animaux.
Les premières années ont été très dures. Les 60 brebis et 120 agnelles de race texel achetées chez un sélectionneur des Vosges, ne se sont pas adaptées au nouveau contexte pédoclimatique, particulièrement difficiles entre 2018 et 2020 du fait des sécheresses sévères. « Arrivées sur des paillassons, elles ont attrapé la pasteurellose. Au printemps suivant, elles ont eu du mal à agneler. Pendant trois ans, les brebis ont souffert des suites de la maladie (problèmes pulmonaires, yeux, boiteries…). Certaines sont devenues aveugles, ont eu des pis de bois. »
« J’avais l’impression de faire face à un mur, se souvient-il. Un premier vétérinaire ne s’est déplacé qu’au bout d’une semaine et est reparti sans même regarder les animaux. J’ai dû me faire accompagner pour tenir le coup moralement. Voir autant souffrir les animaux était très dur. Je me suis senti longtemps seul pour gérer tout ça. Je n’avais pas imaginé rencontrer autant de difficultés. À croire que quelqu’un m’avait jeté un sort ! »
Des brebis plus rustiques
Malgré tout, Gaël a tenu bon, remplaçant peu à peu ses brebis texel par d’autres plus rustiques issues d’un croisement avec les races limousine ou dorper, en renforçant l’immunité de ses animaux par des cures de minéraux et de plantes. Six ans après son installation, les difficultés commencent à se résorber. « Il ne reste plus que 70 brebis de race pure texel. Les problèmes à la mise bas ont été réduits de moitié. Malgré une année climatique difficile, j’ai pu rentrer des stocks de fourrages, dont de belles secondes coupes. »
Philosophe, Gaël a tiré de ses expériences malheureuses l’envie d’aider physiquement et moralement des jeunes installés. « J’aurais aimé avoir ce genre d’appui quand j’ai démarré dans ce nouveau métier. » Une jeune éleveuse l’a sollicité. Ils parlent d’élevage ovin et de maraîchage, une activité qui lui plaît bien. Avec son compagnon Manu, Gaël cultive un grand jardin et entretient une basse-cour pour réduire les achats extérieurs et manger de bons produits.
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