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Ours 300 brebis apeurées tombent de la falaise

À Aston, en Ariège, des agriculteurs ont perdu dans la nuit du 25 au 26 juin près de 300 brebis sur les 1 350 qui pâturaient à l’estive. Elles auraient été effrayées par un ours.

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L’émotion s‘entend dans la voix de Jean-Pierre Mirouze, alors qu’il doit raconter une fois encore le drame qui s’est produit dans la nuit de mardi à mercredi. Au petit matin, c’est son frère, qui surveillait le troupeau de plusieurs éleveurs à l’estive qui a découvert ces centaines d’animaux inertes dans un accident rocheux.

 

« Il était 6h30, il s’est levé pour regarder les bêtes, mais les brebis n’étaient plus à la couche. Il y avait des vautours, et il a sorti ses jumelles. C’est comme ça qu’il les a vues », confie Jean-Pierre. Des traces fraîches d’ours ont permis aux exploitants de comprendre rapidement ce qu’il s’était passé.

Parcours accidentés

Il semblerait donc que ce soit un ours qui ait effarouché les bêtes. Apeurées, elles se seraient alors réfugiées sur une crête, avant de descendre par un chemin escarpé. La pente aidant, les bêtes se seraient bousculées et auraient terminé dans le ravin. « En 2005, ça s’est produit pareil », regrette Jean-Pierre.

 

Trace de loup relevée sur place ©JA Occitanie

Car il y a quinze ans, les éleveurs avaient déjà subi les mêmes dommages, et ils commençaient à peine à s’en remettre. « Sur les 300 qui sont tombées, près de 200 sont les nôtres. Des brebis, principalement, et des agnelles. Il va falloir reconstituer à nouveau le troupeau », déplore Jean-Pierre.

Les drames se suivent et se ressemblent

Si le préjudice économique est important, c’est loin d’être l’essentiel pour Jean-Pierre. « Pour nous, les indemnisations, c’est de l’argent sale. Ça ne remplacera jamais les animaux tombés », lance-t-il. Car le préjudice moral est également important pour les éleveurs qui ont dû descendre eux-mêmes dans le ravin pour achever les bêtes blessées au couteau.

 

« L’ours n’a plus sa place dans les Pyrénées », estime Jean-Pierre. Il a d’ailleurs monté, dès 2005, une association avec d’autres éleveurs pour défendre leur cause. Tourisme, biodiversité, paysage : les troupeaux montagnards rendent de nombreux services à ce territoire difficile, et les ours ralentissent leurs efforts. « On pensait que le premier accident avait fait bouger les choses, mais tout est à refaire », s’inquiète Jean-Pierre.

Les élus réagissent

Des élus et éleveurs de l’Ariège ont réclamé jeudi que l’État retire des ours dans la zone, en exprimant un ras-le-bol encore renforcé par la mort de des 300 brebis.

 

Si l’expertise officielle n’a pas encore livré de conclusions, pour Philippe Lacube, président de la chambre d’agriculture, il n’y a pas de doute : le décrochement des brebis depuis l’estive de Sénard, constaté mercredi, a été provoqué « par une attaque d’ours ».

 

La préfecture a annoncé qu’elle communiquerait dans la journée sur cette affaire.

 

« On a photographié des traces d’ours sur le chemin qui monte à l’estive », a souligné M. Lacube lors d’une conférence de presse rassemblant à ses côtés des élus du conseil départemental et des représentants des chasseurs, de la fédération pastorale et des collectivités de montagne.

 

« L’Ariège, cet été, dégueule d’ours […] on sent l’imminence d’un drame, qui pourrait concerner un randonneur croisant une ourse avec ses petits, ou un éleveur au bout du rouleau », a-t-il martelé.

 

Le front d’institutions mobilisées ne voit qu’une solution pour l’heure : « Le retrait graduel d’ours, pour soulager la pression », a-t-il affirmé. « Mais il faut faire vite sinon cela va mal finir. »

 

Alain Duran, sénateur socialiste de l’Ariège, a pour sa part annoncé le dépôt imminent d’une question écrite adressée aux ministres de la Transition écologique et de l’Agriculture, pour demander ce prélèvement d’ours dont la population atteint au moins une quarantaine de spécimens dans tout le massif pyrénéen.

 

« Si l’État n’inverse pas la tendance très vite, le pastoralisme est mort – et demain, ce sera le tourisme », a fait écho Alain Servat, président de la Fédération pastorale de l’Ariège.

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