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Droits de douane américains : les agriculteurs accusent le coup

Beaucoup d'acteurs du monde agricole redoutent l'escalade et appellent au dialogue avec les États-Unis.

Après l’application des 20 % de taxes douanières par le président américain sur les produits européens, les filières et organisations françaises et européennes agricoles ont réagi.

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L’attaque commerciale massive de Donald Trump ce mercredi 2 avril 2025 n’en finit plus de produire des secousses et les agriculteurs sont en première loge. Avec l’imposition par les États-Unis de nouveaux droits de douane à l’entrée de leurs frontières pour les produits du monde entier, beaucoup de filières s’inquiètent. Dans un communiqué du 4 avril, la FNSEA a prôné la fermeté pour répondre au « coup de massue » américain.

« La Commission européenne doit tenir une position ferme de riposte face à cette volonté de guerre commerciale », exhorte le syndicat. De la fermeté, mais sans rompre les discussions pour sortir de l’ornière. « Ensemble, nous devons protéger nos filières et poursuivre le dialogue sans craindre d’imposer aux États-Unis un rapport de force », explique Jérôme Despey, vice-président de l’organisation dans ce même communiqué.

Un appel que le syndicat agricole européen Copa-Cogeca a lui aussi appuyé. « Ces nouveaux droits de douane ne feront qu’accroître l’incertitude et la pression financière qui pèsent sur notre secteur, affectant à la fois les producteurs et les consommateurs », redoute son président Massimiliano Giansanti. « Nous exhortons les décideurs politiques des deux parties à rechercher le dialogue et à éviter un conflit commercial de grande ampleur. »

Vins et produits laitiers français dans l’œil du cyclone

Avec 342 millions d’euros de produits exportés vers les États-Unis l’année dernière, la filière laitière française a elle aussi témoigné de son inquiétude via le Cniel, son interprofession. Pour son président Pascal Le Brun, la taxe imposée par Trump « déstabiliserait fortement l’équilibre des marchés laitiers européens et mondiaux. Ce déséquilibre aura pour conséquences directes une destruction de valeur et une augmentation des coûts de production, de l’amont à l’aval », avertit-il.

Avec un tel enjeu économique pour l’interprofession laitière, ses membres aussi « appellent unanimement les autorités européennes et françaises à engager sans délai des discussions avec leurs homologues américains afin de trouver une solution équitable. Il est essentiel de préserver les relations commerciales avec les États-Unis et d’éviter une escalade qui serait préjudiciable à toutes les parties. »

Les producteurs de vins ont eux aussi manifesté leur préoccupation face à des taxes qui alourdiront la facture pour leurs acheteurs américains, avec le risque qu’il se détourne de leurs produits alors que le marché représente plus de 2,3 milliards pour la filière. L’interprofession des vins de Bourgogne BIVB estime par exemple que ses pertes pourraient « avoisiner les 100 millions d’euros » et rendre leurs produits moins attractifs aux États-Unis.

« Le risque de ces taxes supplémentaires est de faire franchir une barrière psychologique au prix de nos vins », explique son président Laurent Delaunay. « Je pense que beaucoup de producteurs vont fournir un effort pour baisser un peu les prix des vins au départ de la cave. Mais il faudra aussi que nos partenaires américains prennent leur part en réduisant un peu leurs marges pour que le prix des vins reste dans une fourchette acceptable par le consommateur ».

« Le libéralisme poussé à l’extrême »

Si beaucoup d’acteurs du monde agricole sont légitimement inquiets, tous ne le sont pas pour les mêmes raisons. C’est le cas de la Confédération paysanne et sa porte-parole Laurence Marandola qui, si elle fustige cette « guerre commerciale mondialisée », y voit une tentative d’« imposer le libéralisme et l’impérialisme poussé à l’extrême ». Elle redoute aussi « les réactions en chaîne ou encore les déclarations pour accélérer la signature de l’accord UE-Mercosur ou d’autres accords de libre-échange ».

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