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« Le pois d’hiver est adapté à mon contexte pédoclimatique »

« Si à la fin de janvier, je n’ai toujours pas pu semer mon pois d’hiver, je changerai mon fusil d’épaule et j’opterai certainement pour du pois de printemps », informe Adrien Dupuy, agriculteur dans l’Oise.

Ce protéagineux présente pour Adrien Dupuy de multiples intérêts agronomiques.

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« Quand nous avons repris l’exploitation de mes beaux-parents avec ma femme, Servane, il n’y avait que quatre cultures. Nous sommes vite arrivés au pied du mur, avec des problèmes de ray-grass, de vulpins, mais aussi un complexe parasitaire qui faisait plafonner les rendements de colza », fait savoir Adrien Dupuy, agriculteur à Labosse, dans l’Oise. Ce dernier a depuis décidé d’allonger ses rotations en intégrant du tournesol, du lin textile et du pois d’hiver. Ce dernier est présent sur l’exploitation depuis six ans sur une dizaine d’hectares car avec des terres plutôt séchantes. Il permet de passer au travers des coups de chaud de mai-juin, contrairement au pois de printemps.

« Jusqu’à l’an dernier, j’implantais des variétés type Fresnel ou Furious. Mais il a eu un renouveau génétique et cette année j’ai pu me procurer Foudre, inscrite depuis peu. Elle est plus tolérante au complexe parasitaire, notamment un peu à la bactériose », précise-t-il. Toutefois, il n’a pas encore eu le temps de le semer en raison de la météo de la fin de 2024. Il espère que ses terres se ressuient suffisamment pour lui laisser le temps de l’implanter avant la fin de janvier.

Attaques de bactériose

L’agriculteur observe l’intérêt d’employer des semences certifiées pour amoindrir les attaques de bactériose, une problématique grandissante ces dernières années. « Tout cela est très empirique mais depuis deux ans, je constate aussi un avantage en faveur du semis direct comparativement aux autres types d’implantation », indique-t-il. On suppose que le semis direct aurait un effet bénéfique, peut-être grâce au mulch de résidus de couverts ou de chaumes qui isole la plante du sol. Les levées, étant plus lentes, elles seraient aussi moins sujettes aux attaques.

Si, contre la bactériose, il n’existe pas de solution phytosanitaire, les attaques de maladies (notamment un complexe d’ascochytose et de Colletotrichum sp.) restent l’autre point noir de cette culture. « Quand l’hiver a été pluvieux, le premier traitement peut se faire dès la reprise de végétation. Puis, il faut revenir entre le début et le milieu de la floraison avec deux ou trois traitements. En 2024, il y en a eu trois mais avec 20 q/ha, aurais-je dû en faire davantage ? », se questionne-t-il. Il espère qu’à terme tout ce complexe parasitaire sera géré grâce aux variétés issues de la recherche génétique (lire l'encadré).

Au sujet du désherbage, Adrien Dupuy précise qu’il emploie des produits racinaires en postsemis prélevée (type Challenge, Nirvana et/ou Centium). En revanche, le pois d’hiver lui permet de nettoyer ses terres, qui présentent des problèmes récurrents de ray-grass, voire de vulpin. Il passe donc systématiquement Kerb Flo (propyzamide) en janvier ou février pour gérer ces graminées dans la rotation.

Le protéagineux présente d’autres points positifs. Il n’est pas sensible à l’aphanomyces. Il n’a pas non plus à faire face à des attaques de sitones et thrips, comme le pois de printemps. Et souvent un seul aphicide est appliqué autour de la floraison. Le pois d’hiver permet par ailleurs d’étaler les travaux à la fois au semis et à la récolte. Il complète : « En outre, il s’agit d’un excellent précédent pour le blé tendre qui le suit puisqu’il laisse à peu près une quarantaine d’unités d’azote disponibles. »

Même si les rendements restent aléatoires et meilleurs les années sèches, Adrien Dupuy croit dur comme fer que cette espèce a une vraie carte à jouer dans le contexte pédoclimatique de sa ferme.

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