Marché des grains Légère reprise en blé et orge
Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des céréales, oléagineux et protéagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Revirement de tendance cette semaine pour les céréales à paille contrairement à la tendance du maïs et du colza.
Arrêt de la baisse en blé
Les prix des blés français ont légèrement rebondi cette semaine poussés par la hausse des blés US et une nouvelle chute de l’euro sous le niveau de 1,10 dollar faisant suite aux annonces hier (jeudi 12 septembre 2019) de la BCE. La Banque centrale européenne a en effet de nouveau diminué le taux de rémunération des dépôts bancaires et annoncé la reprise de son programme de rachat d’actifs.
Par ailleurs, l’heure est à l’accalmie provisoire entre la Chine et les USA avec des avancées de part et d’autre : les Etats-Unis ont accepté de reporter de deux semaines le relèvement des droits de douane annoncés sur 250 milliards de produits chinois et Pékin a annoncé que plusieurs catégories de produits US ne subiraient pas de nouveaux droits de douane (initialement décidés pour contrer les mesures américaines). Ce cessez-le-feu momentané s’est traduit pas des achats chinois de soja US, ce qui a fait remonter le prix du soja sur le marché mondial et à la suite, le prix du maïs et du blé. Outre l’impact direct de cet achat sur le marché des matières premières agricoles, c’est surtout l’espoir d’une petite embellie de l’économie mondiale qui a redonné des couleurs aux prix cette semaine.
Les blés américains regagnent ainsi 15 $/t depuis la semaine dernière, poussés également par des ventes hebdomadaires assez importantes.
Rendu Rouen, les blés français s’apprécient de 2 €/t, à 162,25 €/t, et Fob Moselle ils gagnent 3 €/t, à 161,75 €/t, en base juillet.
Des achats importants sur le marché mondial
La remontée de ces derniers jours peut s’apparenter aussi à une correction après le plongeon des dernières semaines, à des niveaux qui rendent maintenant les producteurs prudents après avoir suscité une bonne activité sur le marché mondial. L’Arabie a acheté cette semaine 780 000 tonnes de blé meunier, en origine optionnelle mais avec une forte probabilité pour une grosse part de blés baltes ou allemands (la possibilité aussi d’une petite part russe n’est pas à exclure étant donné la révision récente des exigences qualitatives de l’Arabie). La Jordanie a acheté aussi 120 000 de blé meunier et la Corée 76 000 tonnes tandis que la Thaïlande achetait 70 000 tonnes de blé fourrager.
Dans l’hémisphère Sud, la situation reste un peu sèche en Argentine et les perspectives se dégradent en Australie : l’organisme australien Abares a révisé en baisse son estimation de récolte sous la barre des 20 millions de tonnes de blé, un niveau qui reflète les effets néfastes de la sécheresse, dans l’est du pays surtout.
L’USDA, de son côté, a publié hier son estimation de l’offre et de la demande mondiale, sans que cela n’exerce de forte influence sur les prix, la révision en légère baisse de la récolte mondiale se voyant contrecarrée par un affaissement de la prévision de demande.
L’orge fourragère suit le blé
Les prix des orges ont suivi ceux des blés pour gagner environ 2 €/t rendu Rouen cette semaine (à 149,75 €/t en base juillet) et 1 $/t sur le marché mondial, à 170 $/t. Malgré cette appréciation, les orges françaises demeurent moins chères que les orges de la mer Noire (de 6 $/t) qui se sont pourtant affaissées plus fortement (–3 $/t). Alors que la Turquie a acheté 200 000 tonnes d’orge cette semaine (mer Noire sans doute), le marché mondial de l’orge reste marqué par des disponibilités très élevées qui ne pourront pas être absorbées en totalité par la demande fourragère. Des stocks importants sont attendus en fin de campagne, que ce soit en France ou à l’échelle mondiale, et cela pèse sur les prix.
Les orges brassicoles de printemps ont encore perdu du terrain cette semaine (–2 €/t, à 160 €/t Fob Creil pour la récolte de 2019 et –1 €/t, à 178 €/t pour la récolte de 2020) alors que celles d’hiver restaient stables (à respectivement 155 et 168 €/t), la différence entre les prix d’hiver et de printemps demeurant très faible. Les prix brassicoles reflètent la nette remontée de l’offre brassicole cette année dans l’Europe du Nord.
Le maïs baisse encore
Malgré un rehaussement des prix cette semaine sur le marché mondial, les maïs français se déprécient légèrement (–1 €/t Fob Rhin) avec une perspective de récolte rapide, favorisée par un temps sec et aussi de bons résultats attendus dans le sud-est de l’UE.
Les maïs américains ont gagné 3 $/t en raison des incertitudes concernant les rendements à venir dans ce pays, l’USDA ayant, hier soir, revu en baisse de 3 millions de tonnes son estimation de la production US, à 350 millions de tonnes. Malgré tout, au cours de semaines écoulées, les mais des pays tiers ont vu leur compétitivité s’améliorer par rapport aux maïs européens : cela ne remet pas en cause le fait que les importations de l’UE vont chuter par rapport à celles de l’an dernier mais cela signifie qu’elles chuteront un peu moins que prévu.
Le soja en nette hausse à la suite d’un rapport haussier de l’USDA et des achats chinois importants
Dans son rapport mensuel sur les estimations de production mondiale de céréales et d’oléagineux, l’USDA a revu à la baisse la récolte américaine de soja, prévue maintenant à 98,9 millions de tonnes contre 100 millions le mois dernier, avec des rendements en baisse. En conséquence, les cours de soja à Chicago ont fortement progressé jeudi. Ils ont gagné 11 $/t en une journée sur presque tous les contrats de 2019-2020 et 12 $/t par rapport à la semaine dernière sur le rapproché. Ce rebond est à mettre aussi sur le compte de la reprise de la demande chinoise. Des importateurs privés ont acheté jeudi plus de 600 000 tonnes de soja US pour des livraisons entre octobre et décembre. Cela représente le plus important volume acheté en une fois par la Chine depuis juin 2019 et depuis un an pour des acheteurs privés.
Par ailleurs, l’agence de presse officielle « Chine nouvelle » a annoncé que la Chine a décidé d’inclure le soja et le porc dans la liste des produits américains qui seraient exemptés des surtaxes douanières qu’elle s’apprête à appliquer en représailles aux barrières américaines.
Par la suite, les États-Unis ont annoncé qu’ils repousseraient au 15 octobre la hausse programmée des droits de douane sur les importations chinoises. Ces mesures devraient atténuer le conflit commercial entre les deux pays. Des nouvelles commandes de soja US pourraient être passées prochainement d’autant plus que l’offre de soja ancienne récolte au Brésil est très faible actuellement.
Le tourteau de soja a suivi le rebond de la graine : son prix gagne 8 $/t sur une semaine à Chicago. Au contraire, à Montoir il cède 4 €/t, à 318 €/t, faute de demande sur le rapproché en raison des très bonnes récoltes de céréales.
D’autre part, le pois fourrager est en petite hausse de 1 €/t, à 183 €/t, départ Marne.
Le tournesol stable
Le prix du tournesol en France est stable sur une semaine à Saint-Nazaire, à 325 €/t. Avec peu de disponibilité sur le marché actuellement, les acheteurs attendent l’arrivée de la nouvelle récolte pour se positionner.
Sur le terrain, la récolte est en cours en France. L’état des cultures est hétérogène selon les zones et les variétés de tournesol. En Espagne, l’impact de la sécheresse et du déficit hydrique se confirme par les rendements décevants. À l’inverse, la situation est rassurante dans la région de la mer Noire. En Ukraine, les prix intérieurs sont en nette baisse depuis le mois dernier (–20 $/t, à 352 $/t) avec l’arrivée de la nouvelle récolte sur le marché, qui montre des rendements très satisfaisants.
Les importations empêchent toute hausse du colza français
Les cours de colza français ont peu évolué depuis la semaine dernière. Ils sont stables, à 383 €/t, en rendu Rouen et en petite baisse de 1 €/t, à 386 €/t, en Fob Moselle. Sur Euronext, le prix du colza recule légèrement de 0,5 €/t, à 382,75 €/t. Au niveau européen, le bilan apparaît toujours tendu avec une récolte attendue à son plus bas niveau depuis 2006. Les pays de l’UE ont cependant accéléré leurs importations de colza et de canola ces dernières semaines (plus d’un million de tonnes sur les quatre dernières semaines). D’autres chargements sont également prévus prochainement en provenance du Canada pour couvrir les besoins du marché. L’arrivée massive de ces volumes semble avoir équilibré l’offre et la demande sur le court terme, et a empêché les prix européens d’augmenter cette semaine.
En France, les surfaces semées actuellement subissent de mauvaises conditions, avec un temps très sec dans le centre et l’est de la France. La situation des cultures est très hétérogène selon les régions.
Au Canada, le prix du canola a reculé au début de la semaine à la suite de la publication du rapport de StatCan indiquant des stocks au 31 juillet supérieurs aux attentes du marché, à 3,87 Mt (contre 2,5 Mt à la même date en 2018). L’avancée de la récolte a aussi pesé sur les prix. La baisse du début de la semaine a été ensuite plus que compensée jeudi par une hausse dans le sillage du complexe soja. Sur une semaine, le cours du canola gagne 1,6 $/t, à 339 $/t, sur les contrats de novembre. Ce niveau de prix reste très bas néanmoins.
À suivre : compétitivité UE-mer Noire, avancée des récoltes de tournesol et de maïs (mer Noire/UE), conditions climatiques en Australie et Argentine, négociations commerciales sino-américaines, semis de soja en Amérique du Sud et développement des maïs US
Pour accéder à l'ensembles nos offres :