Le mulesing, une pratique en sursis en Australie
Principal producteur mondial de laine mérinos, l’Australie est confronté aux myiases provoquées par des larves de mouches. Pour y remédier, les éleveurs pratiquent depuis près d’un siècle une opération aujourd’hui dans le viseur des défenseurs du bien-être animal.
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Steven Bolt ne voit pas d’autre solution. Cet éleveur australien de moutons pratique le mulesing sur près de 2 000 bêtes chaque année. La méthode est controversée, mais essentielle, assure celui qui a grandi sur une exploitation de mérinos, à la laine fine, blanche et abondante. La peau très plissée au niveau de la culotte de l’animal est un endroit prisé par les mouches qui y pondent leurs œufs, créant des infections, appelées myiases. Les éleveurs, qui ont été essentiels dans la colonisation anglaise du pays et produisent encore aujourd’hui 345 000 tonnes de laine par an, ont trouvé la parade dans les années 1930. Ils neutralisent l’agneau sur le dos, entravant les pattes arrière et coupent un large bout de peau, privant ainsi les parasites de nids chauds. Une mutilation « cruelle et barbare », hurlent les associations de défense des animaux telles que Peta.
Les critiques sur le bien-être animal ont porté. Les consommateurs à travers le monde ont été sensibilisés. Plusieurs marques de vêtements se sont engagées à ne plus vendre de vêtements venant de bêtes mulesées, comme Adidas, Kathmandu ou Patagonia.
Déjà interdit en Nouvelle-Zélande
La pratique a été interdite en Nouvelle-Zélande en 2018. Pas en Australie, qui, avec 68 millions de moutons, produit 90 % de la laine fine utilisée par l’industrie de la mode et où seuls deux États, le Victoria et la Tasmanie, ont rendu les analgésiques obligatoires.
« C’est ça ou le risque d’une mort lente » à cause des myiases qui rongent les chairs de l’animal, plaide Steven Bolt. Affichant trente ans de métier, il a toujours mulesé ses moutons. Mais désormais, il prodigue des antidouleurs avant et après l’opération, assurant faire du bien-être animal une priorité.
Une pratique qui disparaît peu à peu
Il existe des solutions alternatives. Certains éleveurs font appel à la génétique pour sélectionner des bêtes à la peau moins plissée et donc moins susceptibles d’accueillir des larves de mouches. « Mais c’est un processus lent qui ne peut pas marcher dans toutes les régions d’Australie », fait valoir Bolt, également sceptique sur l’emploi de produits chimiques pour combattre les parasites.
Dans son exploitation située dans l'arrière-pays de Perth, il n’entend pas arrêter le mulesing. « Il n’y a pas d’incitation commerciale à ça et chaque année, nous avons des innovations technologiques pour soulager les moutons », explique-t-il.
La tendance nationale est cependant l’abandon de cette mutilation. Selon une étude de l’Australian Wool Innovation datant de 2021, 52 % des éleveurs de mérinos la pratiquent sur les agnelles et 44 % sur les agneaux, contre respectivement 70 % et 63 % en 2017.
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