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La Nouvelle-Zélande face au défi de la sobriété économique et climatique

Le ralentissement de l’économie chinoise et le volontarisme de l’archipel néo-zélandais en matière de lutte contre le réchauffement climatique ont rythmé l’année des éleveurs laitiers.

Le ralentissement de l’économie chinoise et le volontarisme de l’archipel néo-zélandais en matière de lutte contre le réchauffement climatique ont rythmé l’année des éleveurs laitiers.

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En Nouvelle-Zélande, la réduction du cheptel est à l’œuvre de longue date sur cette grande exploitation de la région de Canterbury. De 1 200 vaches il y a sept ans, Craig Hickman est passé à 980 actuellement, pour un même niveau de production.

La fin du gigantisme est une nécessité face à l’accumulation de difficultés auxquelles doivent faire face les agriculteurs néo-zélandais. « Notre plus grand défi de ces deux dernières années a été l’inflation et l’augmentation des coûts. Dans le pays, l’inflation a atteint 7 %. Dans les exploitations agricoles, elle est montée à 16, voire 17 % », déplore Craig Hickman, dont l’optimisme est toutefois à peine ébranlé. Les taux d’intérêt, toujours variables dans le pays, ont joué un grand rôle dans l’explosion des charges. « Ils étaient proches de 2 % et sont désormais au-dessus de 8 % ! » , poursuit l’éleveur laitier.

Ultra-dépendance à l’exportation

À cette hausse des coûts se conjugue une baisse des prix de vente. « La Nouvelle-Zélande exporte 95 % du lait qu’elle produit et près d’un tiers va en Chine. Donc quand l’économie chinoise traverse une période comme en ce moment, nous souffrons, explique Craig Hickman. Le point médian des prix est de 7,25 dollars néo-zélandais (NZD) par kg de poudre de lait (4,13 euros). Le prix d’équilibre pour un éleveur moyen est de 7,51 NZD (4,28 euros). Donc actuellement, certains perdent de l’argent. Mais les prix viennent de rebondir, donc il y a de l’espoir. »

De l’accord commercial avec l’Union européenne, conclu cette année, la filière laitière attend peu. « De toute façon, on dit ici que la Nouvelle-Zélande qui se présente pour un accord de libre-échange, c’est comme un joueur de strip-poker arrivant en sous-vêtements. On a déjà levé tous les droits de douane et nous n’avons plus rien à offrir, plaisante Craig Hickman. Nous supplions simplement d’être bien traités. »

Seule solution : augmenter la productivité. Pour cela, l’éleveur a misé sur la technologie. « Le décrochage automatique et le spray automatique ont été une révélation », s’enthousiasme-t-il. Par ailleurs, les vaches, qui broutent en extérieur 365 jours par an, reçoivent leur complément non plus dans les prés mais à l’étable, lors de la traite. « Nous avons gagné énormément de temps. Nous avons pu passer de cinq à quatre employés, et donc gagner de l’argent. »

Des émissions à réduire

Moins de vaches pour autant de lait, c’est aussi un meilleur bilan carbone. Pendant que le gouvernement hésite à mettre un prix sur le méthane émis par les 6 millions de vaches du pays, les agriculteurs se voient incités à agir. « Nos émissions de carbone sont sans doute les plus basses au monde, mais les clients les veulent encore plus basses », souligne Craig Hickman, assurant être passé en trois ans de 12 à 10 kg d’équivalent carbone émis par kg de lait solide produit.

Le syndicat de la filière confirme que le lait néo-zélandais possède la plus faible empreinte carbone au monde avec 0,74 kg d’équivalent CO2 émis pour un kilo de lait corrigé en protéine et matières grasses, contre 1,26 pour la France. Ce qui permet à Craig Hickman d’envisager l’avenir avec sérénité.

Matthieu Verrier

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