Les moutons australiens en période de vaches maigres
Les bergers australiens ont vécu une année 2023 délicate sur le plan économique, et surveillent avec inquiétude la météo des prochains mois.
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Une escadrille de difficultés a survolé l’Australie et notamment les élevages de moutons, avec une chute des prix et une flambée des coûts, particulièrement pour les engrais et les céréales. Et les prévisions du phénomène météorologique El Niño particulièrement prononcé plombent un peu plus le moral des agriculteurs.
« Nous avons eu la combinaison de prix défavorables et de faibles possibilités d’écouler nos moutons », confirme Bindi Murray, à la tête avec sa famille d’un élevage de près de 25 000 têtes. Son exploitation se situe entre Perth et Albany, sur la côte ouest de ce pays continent, très loin des principaux centres que sont Sydney, Melbourne et l’État du Queensland. Les acteurs de la filière ovine y sont donc moins nombreux, et il est plus difficile de trouver des transformateurs pour l’éleveuse qui écoule laine et viande.
Coup de frein sur le marché
« Puisque nous avons un équilibre sur notre exploitation entre cultures de céréales et bétail, nous devons adapter le nombre de moutons au cours de l’année, explique-t-elle. Nous avons dû réduire le nombre de bêtes à un certain moment. Un mouton qui se vendait 130 dollars (80 euros) est tombé à 75 dollars au début de l’année dernière. Aujourd’hui, si j’arrive à le vendre, j’en tirerai environ 30-50 dollars. » Après un temps de réflexion, Bindi Murray ajoute qu’elle devra prochainement se séparer de 5 500 têtes en plus.
La filière sort de trois années particulièrement favorables avec une météo clémente et un marché porteur, entraînant une expansion des troupeaux. L’Australie compte cette année plus de 78 millions de moutons, contre 65 millions en 2019. « On s’attendait à une correction, mais pas à une chute des prix si forte et si rapide », soupire Bindi. Sans compter que le gouvernement australien a lancé des consultations cette année pour interdire progressivement l’exportation de bétail vivant.
Une météo surveillée
En revanche, depuis son exploitation d’Australie-Occidentale, Bindi Murray regarde le phénomène climatique El Niño en toute tranquillité. Celui-ci devrait davantage affecter la côte pacifique du pays, et, peut-être, par répercussion, alléger l’offre et rééquilibrer le marché. « Les fondamentaux de long terme sont bons », ne cesse de répéter l’éleveuse de mérinos, redoutant toutefois « encore au moins douze mois de prix bas ».
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