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La boucle électronique simplifie l’astreinte des éleveurs de bovins

Posée à l’oreille gauche, la boucle intègre une puce électronique qui contient le code pays et le numéro d’identification national du bovin.

Si elle repose sur une démarche volontaire, l’identification électronique des bovins se valorise avec des équipements automatisés. Elle présente de nombreux avantages comme la simplification de certaines tâches.

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« Est-ce qu’on attend que la France perde son statut indemne vis-à-vis de la tuberculose pour rendre obligatoire la boucle électronique ? », alerte Daniel Perrin, secrétaire général de la FNPL (1), à l’occasion d’un symposium sur l’identification électronique au salon de l’agriculture de 2024. Plus qu’une voie d’avenir, les usages de l’identification électronique des bovins vont plus loin que le simple relevé de numéro. Elle est aujourd’hui nécessaire dans une logique de simplification administrative souhaitée par les éleveurs, au-delà de l’enjeu de sécurité sanitaire.

Des économies de temps et d’argent

« C’est un petit investissement économique qui sert au quotidien », indique Alban Crèvecoeur, éleveur de vaches Salers en Seine-Maritime, qui a passé le cap de l’identification électronique en 2012. Si actuellement l’usage des boucles se limite à la pesée, il ne regrette pas son investissement qui lui fait gagner du temps. Inscrit à l’herdbook Salers et au contrôle de performance, il pèse veau, vaches, taurillons et génisses fréquemment. « On pèse huit à neuf fois un veau dans sa première année, et quand on engraisse les taurillons, ils sont pesés tous les 35 à 45 jours. De même pour le suivi de nos génisses », détaille l’éleveur.

Selon lui, à 0,75 € de plus qu’une conventionnelle, le surcoût de la boucle n’est pas un frein surtout si on le compare au coût d’un salarié à l’heure. « Aujourd’hui, peser 70 taurillons tout seul c’est 1 h 15, avant c’était minimum 2 h 30 à deux. Il n’y a pas photo », souligne Alban Crèvecoeur. Il s’agit pour l’éleveur d’un véritable gain de temps mais aussi d’une sécurisation lors de la manipulation des animaux. De plus, c’est une source de préoccupation en moins car la boucle garantit la bonne transmission des informations. « Il n’y a plus d’erreur de numéro et quand je finis mon chantier de pesée, je raccorde le lecteur à mon ordinateur et les données remontent directement », précise-t-il.

Si les bénéfices de l’identification électronique sont connus, il reste du travail sur la gestion des données. Aujourd’hui, seul le numéro d’identification est présent dans la boucle. Il serait néanmoins intéressant de pouvoir combiner ce numéro aux différentes bases de données existantes en bovin telles que celle sur les naissances, la partie sanitaire ou la génétique. Par ailleurs, à l’heure où l’on « parle de renouvellement des générations, c’est un moyen de redonner l’envie aux jeunes », indique Daniel Perrin. Ceci est d’autant plus vrai en élevage laitier, comme en Bretagne, où la majorité des jeunes qui s’installent se dirigent vers des systèmes robotisés.

Une technologie éprouvée

« L’identification électronique est une technologie mature, fonctionnelle et normée depuis plusieurs dizaines d’années qui fonctionne au quotidien dans de nombreux élevages », conclut Sébastien Duroy, responsable de projet identification animale à l’Institut de l’élevage (Idele). Elle permet un gain de productivité et de fiabilité. Rapide et précis, le dispositif évite les erreurs de lecture et de retranscription tout en automatisant certaines tâches. C’est également une technologie sécurisante pour l’opérateur qui peut maintenir une certaine distance avec l’animal pour relever son numéro.

En élevage laitier, la boucle électronique officielle répond à un besoin. Elle permet non seulement d’identifier l’animal mais aussi le fonctionnement de nombreux équipements nécessitant une identification automatique et individuelle (distributeurs automatiques de concentrés (DAC), robots de traite, portes de tri…). En élevage allaitant, elle est principalement valorisée pour la pesée des animaux. L’idée est de fiabiliser à la fois la collecte du numéro et le poids de l’animal sans intervention manuelle. La boucle électronique peut également être utilisée dans le cadre des services d’appui et de conseil pour offrir un service plus rapide.

Pour les opérateurs de l’aval de la filière, le dispositif peut être valorisé en centre d’allotement et en abattoir pour la pesée, le contrôle d’identification ou la traçabilité sur la chaîne d’abattage. « Les usages à l’échelle de la filière sont évidents que ce soit en termes de traçabilité, de suivi sanitaire ou de sécurité pour les opérateurs. Et ils sont démultipliés s’ils sont couplés à la dématérialisation des passeports et des documents sanitaires », précise Mathieu Repplinger, responsable études de marchés au sein d’Interbev.

Côté frein, certains éleveurs y voient un coût supplémentaire sans réel usage métier. La prise en charge de la boucle électronique, via une subvention, permettrait sans doute de lever ces réticences, en particulier pour les élevages allaitants qui ne disposent pas d’équipements automatiques. Mais pour Daniel Perrin, les économies possibles sont importantes car les pénalités PAC, dues à des erreurs de passeports, sont nettement supérieures au simple surcoût de la boucle.

Un outil facultatif en France

Au niveau européen, l’identification électronique des ruminants est encadrée par la loi de santé animale de 2021. Elle donne officiellement la possibilité aux États membres d’autoriser le remplacement d’une des deux marques auriculaire classique par une boucle électronique, un bolus ruminal ou un insert injectable. Si l’identification électronique est actuellement obligatoire dans six pays européens, elle est facultative pour les dix-neuf autres États membres, dont la France, et relève d’une démarche volontaire des éleveurs.

Techniquement, la boucle est posée à l’oreille gauche et intègre une puce électronique qui contient comme seules informations le code pays et le numéro d’identification national du bovin. Elle est conforme aux normes standards ISO et est compatible avec bon nombre d’équipements d’élevage. En termes de prix, son surcoût par rapport à une boucle plastique classique se situe entre 0,75 € et 1,20 € selon les départements.

(1) Fédération nationale des producteurs de lait

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