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« J’ai fabriqué un robot pour effaroucher et appliquer les trichogrammes »

Remi Gaget, à la tête de l’EARL du pressoir, est passionné par la mécanique, l’électronique et l’informatique.

Rémi Gaget a conçu un rover qui effectue les tâches habituellement confiées à un drone.

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Rémi Gaget, agriculteur céréalier à Ascoux, dans le Loiret, a fabriqué un rover multitâche. La genèse du robot DART (pour « désherbage, autonome, rover, trichogramme ») est venue à la suite des nouvelles règlementations sur les drones.

« Lorsque je me suis installé sur la ferme familiale, j’ai eu l’opportunité de m’agrandir et ainsi passer à 240 ha. Avec la surface supplémentaire, il m’était impossible de continuer à mettre les cocons de trichogrammes comme je le faisais avant avec mon père. En effet, pour lutter contre la pyrale dans les maïs, nous lancions les cocons à la main dans la parcelle. J’ai donc dû passer à la solution chimique.

Mais après quelques années, je suis revenu en arrière. À cet effet, j’ai investi dans un gros drone pour automatiser le largage des cocons. Mais avec la nouvelle réglementation sur les petits aéronefs, je me suis dit que ça allait devenir plus compliqué de le faire voler, aussi bien au-dessus de mes parcelles que de celles que je traite au cours de mes prestations », explique l’agriculteur.

Dans cette optique, Rémi s’est alors lancé dans la fabrication d’une machine terrestre 100 % autonome. Dans un premier temps, celle-ci ne devait que distribuer des cocons, mais lors du développement, l’inventeur a choisi de rendre son invention plus polyvalente. Il l’a par exemple équipée un effaroucheur sonore et a pour projet de la doter d’autres outils.

Fabriquer le rover

Pour concevoir le robot, Rémi est parti du cerveau du drone et l’a adapté à son rover. Son cahier des charges est précis. Le robot doit passer aisément les raies de labour sans être déséquilibré, ni risquer de se retourner. De plus, il faut que le rover soit le plus compact possible afin d’être transporté dans un petit véhicule utilitaire. Il doit aussi être à quatre roues motrices et avoir au minimum 4 heures d’autonomie.

« Mon objectif était d’avoir un outil qui réduit ma charge de travail lors des fortes périodes, que ça soit en effarouchant ou en appliquant les cocons de trichogramme dans les champs. J’ai fabriqué le châssis et j’ai effectué toute la programmation des différents organes. » C’est ainsi que ce robot à quatre roues motrices est né. Il pèse 100 kg, dispose d’autant de charge utile et braque sur un rayon de 4 m. Il monte à une vitesse maximale de 8 km/h. Un système de voies variables est prévu pour s’adapter à la culture en place, par exemple les betteraves ou le maïs.

Manuel ou automatique

Le robot peut être piloté par plusieurs moyens : la tablette, le smartphone, l’ordinateur et une télécommande. Il est aussi possible de le programmer via une application pour qu’il se déplace automatiquement selon un tracé donné. Il est conçu pour accueillir différents outils sur les rails, installés sur sa partie supérieure. Ceux-ci sont alimentés électriquement par deux connecteurs Deutsch. Le chef d’exploitation a travaillé auparavant pendant 10 ans en bureau d’études et c’est avant tout par passion qu’il s’est lancée dans ce projet.

« À l’issue de la fabrication du robot, j’ai effectué les premiers essais au champ avec un effaroucheur sonore. Je m’en suis déjà servi pour effaroucher une parcelle de manière automatique, mais je reste à côté pour veiller au bon déroulement du chantier et pour prévenir tout risque de vol. » En plus de l’effaroucheur, l’agriculteur compte fabriquer les outils adaptés au robot, comme un système de distribution des trichogrammes et a pour projet de développer un système de pulvérisation ultra-localisée.

L’améliorer avant la présérie

« Au cours des prochains mois, j’ai pour objectif de faire davantage de tests d’endurance afin de mesurer l’usure de l’ensemble des pièces. L’objectif est de détecter d’éventuels problèmes. Je dois également intégrer les batteries interchangeables. Je vais aussi changer certains composants, car ceux présents sur le prototype ne sont pas idéaux.

Après cette étape, j’espère passer à des versions de présérie en fin d’année. Je vais faire un gabarit pour faciliter l’assemblage et la création du châssis. Pour le prochain rover, je compte installer des racks de batteries. Elles seront plus facilement amovibles et il n’y aura donc plus de rechargement obligatoire, il suffira de changer les batteries directement au champ.

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