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Agriculture connectée Une utilisation du numérique variable selon les agriculteurs

L’École supérieure d’agriculture d’Angers (Esa) a accueilli pour la deuxième année consécutive les rendez-vous de l’agriculture connectée, ce vendredi 2 décembre. Sous le regard de plus de 600 participants, cette édition a notamment mis en lumière l’appropriation des outils numériques par les agriculteurs, dans des domaines où on ne les attend pas forcément.

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Mais force est de constater que des progrès restent à faire en matière de connexion à haut débit dans les exploitations. Jean-Pierre Bernheim, vice-président de la Communauté urbaine d’Angers, a d’ailleurs donné le ton dès la séance introductive de la journée. « En ce qui concerne le numérique, le premier défi est d’amener le haut débit partout sur le territoire », a-t-il expliqué. Une condition indispensable à toute appropriation du numérique par le monde agricole et qui est encore loin d’être atteinte.

L’utilisation du numérique à l’image de la pratique du métier

Si l’accès au réseau internet constitue la première condition de l’utilisation du numérique, les sociologues estiment que c’est la représentation du métier par un agriculteur qui définira sa façon de l’appréhender.

 

« Prenons l’exemple du GPS. Les agriculteurs nous disent qu’ils jugent que cette innovation n’est pas forcément utile, efficace ou rentable », expliquent Philippe Le Guern et Caroline Mazaud, tous deux chercheurs en sociologie. « Le refus n’est pas dû à un manque de connaissance, mais de vécu. Il faut regarder les usages réels, comme celui des alertes SMS. Certains préfèrent déléguer, par exemple à une coopérative ». « Il y a aussi une forte porosité entre l’usage privé et professionnel », ajoute Caroline Mazaud. « L’utilisation d’applications sur smartphone ou de sites de vente d’occasion comme Leboncoin fait augmenter en compétences et entraîne un glissement vers des usages professionnels ». « Le robot de traite est aussi un très bon exemple de l’appropriation et de l’usage », déclare Philippe Le Guern. « Il y a maintenant une expérience sur l’utilisation de ces robots avec des utilisateurs convaincus et dans le même temps, on constate un gros refus de la part d’autres éleveurs ». Le chercheur travaille d’ailleurs actuellement sur un documentaire à ce sujet.

20 % de l’économie collaborative sur internet

Parmi les exploitants les plus agiles avec les outils numériques, ceux qui écoulent leur production directement grâce à internet sont à la pointe. « La Ruche qui dit Oui » compte ainsi plus de 1 600 producteurs connectés à sa plateforme. Pour Amandine Piron, cofondatrice de l’association Collporterre, « 20 % de l’économie collaborative sont issus de projets qui s’appuient sur internet ».

 

De nouveaux outils attirent des exploitants toujours plus connectés. Il s’agit par exemple de louer ses services, voire son matériel, avec la plateforme Tractory, présente ce 2 décembre à l’Esa. « Nous démarrons notre activité et 35 offres sont déjà en ligne », se réjouit Damien Pierre, concepteur de la plateforme Tractory. Tel le chauffeur de voiture, certains agriculteurs deviendraient donc des Uber du tracteur. Peut-être aussi sans que cela leur profite véritablement.

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