« Laissez-nous innover », demandent les semenciers
L’agriculture peut apporter des solutions aux effets destructeurs du changement climatique sur les cultures mais pour cela « laissez-nous innover ». C’est le message que porte le secrétaire général de la Fédération internationale des semences (ISF), Michael Keller.
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« Les agriculteurs doivent de façon permanente s’adapter » alors que « le changement climatique apporte de nouvelles maladies dans les champs » et met le secteur au défi du manque d’eau, a récemment déclaré le secrétaire général de la Fédération internationale des semences (ISF), Michael Keller, en marge d’une réunion de la fédération à Genève.
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S’adapter au « changement climatique »
Au même moment, le monde perd « de façon permanente des terres arables » sous l’effet du changement climatique qui provoque de trop fortes pluies dans certaines régions et en désertifie d’autres, explique-t-il, soulignant aussi le bétonnage croissant.
Face aux défis du changement climatique et de l’insécurité alimentaire, il faut trouver des solutions pour produire plus et « accroître le rendement », estime Michael Keller. Pour lui, « l’appel est très clair : laissez-nous innover mais aussi laissez-nous utiliser tous les outils existants en termes de méthode de sélection ».
L’ISF, qui représente tous les grands semenciers mondiaux, défend en particulier le développement des « nouvelles techniques génomiques » (NGT ou NBT), qui édite le matériel génétique des plantes, via par exemple la technologie des ciseaux moléculaires (Crispr-Cas), sans ajout extérieur, contrairement aux organismes génétiquement modifiés (OGM).
Des technologies controversées
Ces technologies sont au cœur d’une controverse entre ceux qui estiment ces biotechnologies indispensables à l’heure du changement climatique et ceux qui veulent qu’elles restent sévèrement encadrées, comme les OGM. Les opposants à cette technologie redoutent des effets incontrôlables quand les plantes qui en sont issues se diffuseront dans la nature.
En juin dernier, les États de l’Union européenne ont renoncé, faute de majorité, à se prononcer sur un texte concernant ces biotechnologies génétiques. En France, l’agence sanitaire Anses a recommandé en mars d’évaluer « au cas par cas » avant toute mise sur le marché.
« Nous avons besoin d’innover » et « de plus en plus vite » pour pouvoir développer de nouvelles variétés en cinq ans et non plus en dix ou quinze ans, et « plus il y a de méthodes de sélection qui sont à notre portée, plus nous serons capables d’amener de nouvelles solutions aux agriculteurs », fait valoir Michael Keller.
« Des zones d’ombre »
Affirmant que la biodiversité est « une priorité pour le secteur semencier », le secrétaire général de l’IFS souligne l’importance que les entreprises aient accès aux ressources génétiques des plantes. À cet égard, les 196 nations de la Cop 16 biodiversité ont adopté au début de novembre à Cali, en Colombie, la mise en œuvre d’un fonds multilatéral censé être abondé par les entreprises faisant des bénéfices grâce au génome numérisé de plantes ou d’animaux issus des pays en développement.
Ces pays espèrent que ce mécanisme financier, baptisé « Fonds Cali », permettra de lever des milliards de dollars, destinés à financer leurs engagements de protection de la nature.
Ces questions sont « extrêmement importantes » car elle porte « sur la question de l’accès et de l’utilisation de l’information numérique : l’accès aux connaissances » et non pas à la ressource génétique elle-même, soulève Michael Keller.
Il appelle toutefois à une plus grande « clarté » et « prédictibilité », considérant qu'« il y a beaucoup de zones d’ombre » entourant le fonctionnement du mécanisme et sur la façon dont une entreprise « peut prouver qu’elle n’a pas utilisé » ces informations.
Les « informations de séquençage numérique sur les ressources génétiques », issues souvent d’espèces présentes dans les pays pauvres, sont utilisées dans la fabrication de médicaments ou de cosmétiques, entre autres, qui peuvent rapporter des milliards.
Mais peu de bénéfices tirés de ces données génétiques — téléchargées dans des bases de données en libre accès — reviennent aux communautés d’origine.
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