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Au Japon, des néonicotinoïdes détectés dans les eaux de pluie

Au Japon, les néonicotinoïdes sont utilisés pour la culture du riz (photo d’illustration).

Une étude japonaise révèle la présence de néonicotinoïdes dans les eaux de pluie, en particulier l’acétamipride. Les concentrations restent relativement faibles, selon leurs auteurs.

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Une étude scientifique japonaise, publiée dans la revue EMCR (Environmental Monitoring and Contaminants Research) et sur la plateforme J-Stage le 31 mai 2025, révèle la présence de composés néonicotinoïdes dans les eaux de pluie.

91 % des échantillons collectés en contenait, pour une concentration moyenne de 0,90 ng/l. L’acétamipride est la molécule la plus fréquemment détectée (dans 82 % des cas), suivi par le thiaclopride (73 %) et le dinotéfurane (45 %). « Les échantillons d’eau de pluie contenaient des composés néonicotinoïdes à une concentration relativement faible, probablement en raison de leurs faibles volatilités », nuancent les auteurs de l’étude.

Sept molécules recherchées

11 échantillons d’eau de pluie ont été collectés entre 2023 et 2024, à Tsukuba et Kashiwa, deux villes proches de Tokyo. La région est une grande productrice de riz et a également de vastes surfaces de forêts de pins. La protection de la culture et des arbres se fait notamment à l’aide d’insecticides néonicotinoïdes. En forêt, les pulvérisations s’étendent « sur de grandes surfaces à l’aide d’une machine à jet ou d’un hélicoptère », précise l’étude.

L’acétamipride est la molécule qui ressort le plus des six autres substances actives recherchées (thiaclopride, dinotéfurane, imidaclopride, clothianidine, nitenpyrame et thiaméthoxame). Ces propriétés en sont certainement la principale raison : pression de vapeur élevée, petite masse moléculaire, meilleure solubilité dans l’eau et plus forte résistance à l’hydrolyse et à la photolyse. D’ailleurs, l’étude démontre que la présence des néonicotinoïdes dans les eaux de pluie serait davantage influencée par ces facteurs que par les niveaux de précipitations.

Alternatives de pulvérisation

Les utilisations sont également à prendre en compte : les pics de concentrations correspondent bien aux périodes d’application, que ce soit en riziculture ou en forêt. Néanmoins, les auteurs relèvent des concentrations « hors saison » : « les précipitations peuvent servir de milieu de dispersion potentiel pour ces insecticides sur une plus grande surface pendant longtemps », jugent-ils.

L’étude conclue en recommandant des méthodes d’applications alternatives à la pulvérisation aérienne : « les solutions sont plus concentrées, permettant aux néonicotinoïdes d’être déposés dans les sols et de revenir dans l’atmosphère plus tard ».

Un « nouveau signal d’alerte »

Selon l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf) et le collectif Alerte des Médecins sur les Pesticides, cette découverte est extrêmement préoccupante : « Cette étude prouve qu’il peut littéralement pleuvoir des pesticides. Même peu volatils, les néonicotinoïdes peuvent se retrouver dans l’atmosphère et redescendre via les précipitations, contaminant ainsi l’environnement de manière diffuse et persistante », signalent-ils dans un communiqué de presse commun, le 5 juin 2025.

Les deux organisations appellent donc à « une réaction immédiate des autorités sanitaires », et notamment à « une réévaluation des risques de l’acétamipride pour la santé humaine et celle des pollinisateurs ». Alors que l’acétamipride pourrait faire l’objet d’une réautorisation dans le cadre de la proposition de loi Duplomb (voir encadré), « ce nouveau signal d’alerte scientifique » doit être « pris en considération par les décideurs politiques ».

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