Vent de méfiance à l’approche des négociations commerciales
L’avancement du calendrier des négociations commerciales validé par l’Assemblée nationale ne convainc pas les producteurs.
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Alors que le Parlement a voté le 14 novembre 2023 la proposition de loi consacrant l’avancement de quelques semaines des négociations commerciales qui se termineront le 31 janvier au lieu du 1er mars, la méfiance est de mise du côté des producteurs agricoles. « Argumenter sur une baisse des coûts de production pour accélérer les négociations, et ainsi entraîner une baisse des prix des produits alimentaires, est un non-sens pour le secteur agricole qui voit, lui, ses propres coûts de production demeurer à un niveau élevé : +18 % sur deux ans ! », estimait la FNSEA dans un communiqué diffusé le 15 novembre.
Le syndicat annonce qu’il « veillera à ce que les dispositions de la loi Egalim soient appliquées dans leur entièreté et particulièrement la répercussion des coûts de production des agriculteurs dans la construction du prix final ».
Les producteurs comme « variable d’ajustement »
Une vigilance aussi de mise du côté des producteurs laitiers. La sanctuarisation du prix de la matière première agricole est remise en cause, selon Yohan Barbe, trésorier de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL). « La variable d’ajustement risque une fois de plus d’être les producteurs. La crainte avec cette proposition de loi, c’est que nous ayons un léger pas en arrière par rapport aux acquis qu’on avait pu obtenir jusqu’à présent », a-t-il estimé le 16 novembre 2023 lors d’une conférence organisée l’Association française des journalistes de l’agriculture (Afja) et le Syndicat des rédacteurs de la presse agricole (Syrpa).
« Une mesure absurde »
« La construction du prix en marche en avant basé sur les coûts de production [NDLR : des lois Egalim] se base sur le consentement à payer du consommateur qui, en période d’inflation, cherche à payer moins cher, a expliqué de son côté Alessandra Kirsch, directrice des études d’Agriculture Stratégies. L’intérêt du distributeur, c’est surtout de vendre les produits qui se vendent et qui sont achetés le moins cher possible. Ce qui implique un risque pour les produits qui ne se vendent plus. »
Et d’ajouter qu’elle ne croit pas à l’efficacité de la loi. « Puisque les cours des prix agricoles ont diminué, le législateur veut que les prix aux consommateurs diminuent. C’est une logique complètement biaisée. Les prix à la consommation ne dépendent pas seulement des cours du blé ou du lait. Ils dépendent aussi d’autres facteurs. Nous n’arriverons pas forcément à une baisse des prix à la consommation malgré une avancée des dates de négociation commerciales. C’est une mesure un peu absurde. »
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