Montagnes russes pour les nappes phréatiques
Violaine Bault, hydrogéologue au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), dresse le bilan d’une année marquée par de fortes variations des niveaux des nappes.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Entre sécheresse et eau excédentaire, le niveau des nappes phréatiques a fortement oscillé en un an. Au 1er octobre 2023, 70 % d’entre eux affichaient une baisse, tandis qu’un an plus tard, 73 % des niveaux sont au-dessus des normales. Violaine Bault, hydrogéologue au BRGM revient sur ce phénomène.
« Il y a différentes nappes réactives qui réagissent très bien aux pluies et remontent vite. Elles se sont bien rechargées durant l’hiver 2024 et grâce aux pluies de printemps. […] D’un autre côté, l’eau met entre deux et trois mois à s’écouler pour les nappes inertielles. Avec la recharge estivale due aux pluies de printemps, leurs niveaux sont remontés plus lentement mais elles se sont tout de même bien rechargées », décrit-elle.
Des régions à l’écart des hausses
Malgré la recharge sur un an, certaines nappes connaissent une situation déficitaire durable. Parmi elles, les nappes du Roussillon, de l’est de la Corse et les Corbières, avec des niveaux en baisse constante depuis deux ans et demi. Les nappes de l’Aude, de l’Hérault et de l’Orb affichent également une recharge insuffisante et un manque de soutien des pluies du printemps 2024.
« Les pluies viennent de l’ouest et de l’Atlantique. Or, les Pyrénées et les massifs de la Corse font barrage à ces pluies. Il faudrait qu’elles viennent de la Méditerranée et du sud », détaille la spécialiste.Sur les trente dernières années, une telle variation est assez exceptionnelle. « On suit habituellement des cycles météorologiques qui alternent entre sécheresse et humidité d’une durée de sept à douze ans », développe Violaine Bault.
Un avenir incertain
À l’avenir, la crainte réside dans l’intensité des régimes de pluies. « Si des sécheresses plus longues et plus intenses suivies de fortes pluies se produisent, l’eau va rebondir et ruisseler sur les sols secs et cela sera moins favorable pour la recharge des nappes », déclare l’experte.
Le changement climatique influence déjà le rechargement des nappes. « La période se déroule normalement d’octobre à avril. Avec la hausse des températures au printemps, les plantes sortent de la dormance plus tôt. On se rend compte d’année en année que l’on perd quinze jours à trois semaines de recharge en automne et au printemps », analyse-t-elle.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :