« Je suis sorti de la spirale négative » après un burn-out
Accompagné par la MSA, Sylvain Bernard, éleveur de chèvres dans l'Isère, a rebondi après un burn-out.
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En période de foins, Sylvain Bernard a les traits tirés par la fatigue, mais un large sourire éclaire le visage. Pourtant, cet éleveur installé à Mont-Saint-Martin (Isère) revient de loin. Et il tenait à en parler. « J’avais à cœur de relater le travail social des agents de la MSA, partage-t-il. Malheureusement, on ne connaît souvent cet organisme que pour le volet administratif, sur lequel il y a de quoi râler… »
Appel à la MSA
Installé en élevage caprin sur un hectare en 2009, après quatre ans à apprendre le métier, cet ex-logisticien a vécu sa première année d’éleveur dans la douleur : « J’avais 40 chèvres à l’attache dans un vieux bâtiment avec traite au pot, et je transformais le lait dans un caisson frigo aménagé… C’était intenable. » Plus tard, la mise en route d’un bâtiment plus fonctionnel le soulage mais il s’épuise, seul pour gérer l’élevage, la transformation et la commercialisation à trente points de vente. Le mercredi, Sylvain gère aussi les loisirs de ses fils.
Quand s’ajoutent les critiques du voisinage incommodé par les mouches et le fumier, il craque. C’était il y a dix ans. « J’étais submergé par le travail, la pression, tout, murmure-t-il. Physiquement, mentalement… Je saturais. J’ai perdu pied. » Il a alors le réflexe d’appeler la MSA.
Penser à soi
Laurence Diverres, travailleuse sociale à la MSA Alpes du Nord, le rencontre et lui propose une pause. « Le temps de trouver un remplaçant et le former, et je suis parti deux semaines dans un centre de vacances en Ardèche avec l’aide de la MSA, relate Sylvain Bernard. Je n’avais pas pris de vacances depuis des années… Parfois, une fierté mal placée ou des soucis financiers nous en empêchent. » Au retour, il se sent reposé mais « pas réparé », et accepte l’accompagnement psychologique proposé par la MSA, sous forme de neuf séances avec une professionnelle conventionnée prises en charge à 100 %.
« La psychologue était géniale », témoigne l’éleveur, qui reprend pied peu à peu. « Les agriculteurs ne s’autorisent pas toujours à penser à eux et encore moins à appeler à l’aide, mais on peut tous avoir un gros coup de mou, murmure-t-il. Et il faut parfois se demander si on veut vraiment continuer. » Lui ne se voyait pas ailleurs que parmi ses chèvres.
Le poids du manque de reconnaissance
Dix ans plus tard, Sylvain Bernard travaille toujours beaucoup, seul sur sa ferme, mais il le vit mieux : ses enfants ont grandi, il a rationalisé ses ventes, et le temps englouti par ses responsabilités professionnelles a du sens à ses yeux. « Plus que la charge de travail, c’est le manque de reconnaissance de la société et la malveillance de certains qui me pèse, confie-t-il. Je suis toujours en contact avec la MSA, ponctuellement. J’ai participé à des ateliers qui donnent des outils pour casser la spirale négative du mal-être, et permettent de rencontrer d’autres agriculteurs ayant traversé des difficultés. »
Il confie que son burn-out a été l’occasion de rebondir : « J’ai réalisé qu’il y a des choses qui fonctionnent dans notre société puisqu’elle a prévu des dispositifs pour aider ceux qui vont mal… »
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